Le psychiatre Christophe Fauré, s' entretient avec Stéphane Allix à l'INREES, autour de la mort et du deuil, qui est "processus de cicatrisation".
Dans une société où l'on veut que tout aille vite, où l'on voudrait que les gens guérissent au plus vite, que les morts disparaissent au plus vite, que les endeuillés arrêtent de pleurer au plus vite, il est bon de rappeler cette vérité à la fois physiologique et psychologique qu'est la cicatrisation.
Il ne s'agit en aucun cas d'oubli. C'est l'oubli qui est pathologique. Il s'agit essentiellement d'intégrer à l'intérieur de soi les liens et ce qui constituait la relation avec la personne disparue.
Et si tout le monde a le pouvoir de cicatriser, tout le monde ne le fait pas au même rythme, suivant son histoire, suivant l'impact du deuil et suivant l'environnement, qui sera facilitant ou non.
Le degré de gravité de l'événement est important, mais là encore, la tentance est à l'uniformisation et beaucoup n'arrivent pas à faire la différence entre une rupture avec un compagnon ou une compagne de 30 ans, une amourette de quelques mois, la perte d'un chat ou la perte d'un parent. Et même si tous ces événements sont différents, l'important est de pouvoir cerner l'investissement affectif qui nourrissait la relation.
Et la véritable empathie est bien là, "mesurer" cet impact, mesurer la complexité des répercussions dans la vie de la personne endeuillée, mesurer les fragilités, mesurer l'isolement qui va ralentir le processus.
Donc il est important de prendre en compte ce processus, afin de ne pas rajouter de la souffrance à la souffrance, par des injonctions inutiles, des jugements, ou de l'incompréhension.
Faire le deuil d'un être cher nous amène à respecter notre histoire, nos liens, nos sentiments, à accueillir tout ce qui a constitué une partie de notre vie et remettre de la douceur, là où la séparation avait fait irruption avec violence.
MT
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