Comment aller à la rencontre de la souffrance, au-delà de nos zones de confort, comment aller à la rencontre et accueillir ce qui nous traverse, chaque jour, à chaque moment, afin que nos blessures ne basculent pas en violences à l'extérieur?
Dans quel monde voulons-nous vivre?
Une reflexion pour "déminer notre terrain intérieur"...
Et j'apprécie beaucoup son observation sur la "pseudo-spiritualité" que certains entretiennent, imbibés de leurs concepts mais complètement déconnectés de la souffrance et incapables d'accueillir le choc que la violence produit dans la vie des êtres humains.
Que ce soit des bombes, des deuils, des séparations, la maladie, la réponse d'une partie de ce monde spirituel -qui va du "tout est parfait", "plein d'amour" à "il n'y a pas de victimes"-, est purement et simplement le déni du choc que cela fait aux personnes touchées. Une façon de ne pas contacter la souffrance de l'autre ni la sienne et de rester à la surface, sans jamais aller au coeur de l'humain.
La spiritualité sans cet accueil empathique est une coquille vide, et malheureusement j'ai eu plus d'une fois l'occasion de le vérifier, de façon douloureuse.
Isabelle Padovani montre ici, par son chagrin, que l'on a le coeur brisé à chaque fois que l'on se relie réellement à la souffrance de l'autre et au tragique des situations. Or la plupart du temps, lorsque quelqu'un partage sa souffrance, son auditoire reste froid, voire l'enfonce encore un peu plus sur les raisons qui ont provoqué sa souffrance. Un retournement qui, lui, est violent, et que peu de personnes sont capables de sentir dans leur coeur et leur chair.
Je rappelle la définition de l'empathie telle qu'Isabelle Padovani la développe, c'est à dire que l'empathie c'est mesurer ce que l'autre traverse, et non pas minimiser, donner un conseil inapproprié ou une explication à partir de notre point de vue, dire "ça passera", ou sortir un concept psycho-spirituel de son chapeau pour emmener l'autre à un endroit où il n'est pas.... C'est la capacité à se relier à l'autre, au plus profond de son être.
Et dans ce processus nous sommes invités à comprendre que lorsque nous ne pouvons pas avoir d'empathie pour autrui, c'est que nous en manquons pour nous-mêmes.
Autre idée importante : il ne s'agit pas de réprimer la violence en soi, toute répression est déjà de la violence, mais d'être en paix avec elle et de savoir l'accueillir. C'est cela qui permet de choisir ensuite d'être non-violent disait Marshall Rosenberg.
Et enfin, se rappeler que ce n'est pas la totalité de notre être qui est violent, mais une partie de nous, qui réagit intensément à quelque chose qui nous touche dans notre intégrité. Cela permet de mettre une distance, de se désidentifier, de ne pas amalgamer notre identité toute entière à l'idée de violence.
C'est ainsi que nous sommes invités à revenir à nous, à être à l'écoute de nos besoins fondamentaux que nous pouvons traduire à partir de nos sentiments et auxquels nous pouvons répondre à partir de stratégies adaptées.
MT
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