Chura, j'ai eu l'impression de voir le monde avec mon corps. Non pas avec mes yeux, avec mon corps (Luis Ansa)
- Tu étais éveillé (El Chura)
- Je ne le suis plus ?
- Non. La lumière vient de s'éteindre.
- Chura, que s'est-il passé ?
- Quand tu es sorti de ta conscience carrée, tout à l'heure, ton corps a rencontré le monde, et le monde a rencontré ton corps. Tu es entré dans cette belle histoire d'amour que tu m'as racontée un jour tu te souviens ? Le monde a dit à ton corps : "qui est là ?" et ton corps ne lui a pas répondu : "c'est moi." Il lui a répondu : "c'est toi-même." Ton corps a reconnu les frémissements de la Terre, parce que les frémissements de la Terre sont aussi les siens. Ton corps a reconnu la danse des atomes de la Terre, parce que les atomes dansent en lui pareillement. Ton corps a rejoint sa famille, Luis.
- C'est cela, le sentir ?
- Oui. Il ne peut s'allumer que si la conscience carrée se repose.
- Pourquoi la conscience carrée est-elle l'ennemi du sentir, Chura ?
- Elle n'est pas son ennemie. Elle est simplement un autre lieu de nous-mêmes. Elle est d'un autre usage. La conscience carrée est très utile pour fabriquer des trains, des routes, des avions, des villes, des médicaments, des canapés, des systèmes increvables. Mais elle est ainsi faite qu'elle ne veut pas goûter, elle veut comprendre. Elle ne veut pas jouer, elle veut travailler. Elle ne veut pas l'inexprimable, elle veut des preuves. Elle ne veut pas être libre, elle veut être sûre. Elle doit être respectée, elle a des droits, et des pouvoirs.
Mais veille à ne pas lui laisser tous les droits, ni tous les pouvoirs.
Henri Gougaud, extrait du livre "Les 7 plumes de l'aigle"
Merci Sista pour le partage et le rappel inspirant :)
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