Voici un homme, Boris Cyrulnik, dont j'admire infiniment le parcours.
Enfant au passé tragique, il a su traverser l'épreuve en mettant ses forces vives au service de la compréhension des animaux et des humains pour connaître le vivant, en étudiant sur le terrain pour être au cœur de l'expérience, en écrivant pour transmettre et aussi parce que "si j'écris, je redeviens maître de mon monde", et pour faire connaître cette idée de "résilience", c'est à dire cette capacité à rebondir et à continuer après les traumatismes et les fracas de la vie.
"Après un malheur on est contraint à la poésie, on est contraint à la métamorphose, c'est à dire qu'on ne peut plus jamais être comme avant".
Cette force de résilience l'a amené là où il en est aujourd'hui, et par son propre destin, il a été au-devant des plus démunis, dépassant les croyances d'enfermement et de limites pour proposer cet espoir lumineux que rien n'est jamais définitif, et qu'avec de l'amour, un environnement sécurisant et des adultes qui auront cette fonction de "tuteur de résilience", un nouveau départ est possible, la vie peut se remettre en mouvement.
Pour preuve cette étude auprès des enfants roumains abandonnés et laissés en isolement sensoriel et dont le comportement ressemblaient aux autistes. Les scanners du cerveau montraient une atrophie cérébrale au niveau fronto-limbique. Quand certains de ces enfants ont été adoptés, et ont donc retrouvé du lien et de l'affection, les scanners ont montré qu'il y avait à nouveau du cerveau partout, que les parties atrophiées étaient à nouveau remplies.
Je suis admirative de la somme de connaissance qu'il a obtenue, connaissance qu'il a offert au plus grand nombre grâce à ses interventions publiques et ses livres, tous d'une grande richesse et traduits de par le monde.
Je suis admirative et touchée, par ce parcours d'homme à qui il a fallu plus de 50 ans avant de pouvoir parler de son enfance à la première personne, et qui aujourd'hui nous partage tout ce chemin parcouru entre le "taire" et le "dire".
Son livre "Sauve-toi la vie t'appelle" est ce fabuleux et dramatique voyage au cœur de son enfance, pour tenter de nommer et d'expliquer l'intolérable vérité : avoir été condamné à mort à l'âge de 6 ans et avoir perdu ses parents dans les camps de la mort.
Le chemin de Boris Cyrulnik est un chemin d'exemple et d'espoir, qui montre qu'au-delà de la souffrance un chemin peut se reconstruire, même s'il existe des facteurs qui empêchent la résilience.
Et comment ne pas être touchée par la grande humanité qui se dégage de Boris Cyrulnik, alors même qu'il est né au cœur d'une époque traversée par une des plus grandes inhumanités qui soient ?
MT
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