Rose-Lynn Fisher artiste américaine spécialiste du cliché macro et micro, a profité de son passage par la case "déprime" pour récolter ses larmes et les prendre en photo. Une idée peu commune qui lui est venue en se demandant si ses larmes de peine étaient différentes de ses larmes de bonheur. C'est ainsi qu'est né The Topography of Tears, un projet qui a nécessité la collecte de plus d’une centaine de larmes, photographiées à travers un microscope une fois séchées. Le rendu est surprenant.
Dans un flot continu, il y avait ces larmes qui montaient du cœur, s’arrêtaient dans la gorge, attendaient, hésitaient, prenaient toute la place sous les paupières et finalement, jaillissaient, coulaient le long des joues.
Paradoxe des larmes qui sont des tremblements de terre si violents mais de si douces caresses de l’intérieur. Petits ruisseaux tièdes qui dévalent les pentes du chagrin, impossibles à arrêter.
C’est la mort qui s’échappe. C’est la vie qui est en marche, dans un puissant mouvement libérateur.
Douce sensation, si tendre sur la peau, alors que le cœur saigne. Eternelle surprise de les voir transparentes. On les attend rouges sang comme la peine qui les porte, on les croit incendiaires comme la lave échappée du volcan intérieur. Sève inventée des dieux, pour ne pas oublier que nous avons un cœur et que nous sommes vivants.
Chaque larme est à transformer en mot. Chaque mot est à enfiler patiemment sur le fil de l’espoir comme une perle précieuse pour trouver le sens du malheur. S’en faire un collier, pour joindre la première et la dernière perle, le premier et le dernier mot.
Alors le cercle sera clos. D’invisibles liens, comme une étoile nouée au centre, se tisseront entre chaque perle, tels un attrape-rêves.
MT© 2006