Voici un passage d’un livre de Christiane Singer, auteur que j’aime particulièrement pour son élan vital et la beauté de son écriture, qui rejoint parfaitement la pensée que j’ai eu lorsque j’avais créé ce blog en l’intitulant « le jour et la nuit ».
La nuit me paraissait être ce lieu, ce monde, ce creuset où l’alchimie de la création avait lieu, où se trouvait le germe de ce qui allait fleurir pour demain.
Tout ce que l’on exprime le jour, vient des voyages invisibles de la nuit, comme des butins volés aux ténèbres radieuses et ramenés sur on ne sait quelle barque.
Au lever, dès le regard qui s’ouvre, le germe pousse, soulève la terre, cherche à percer nos lourdeurs, la création fait son chemin, reçoit les stimuli de ce qui nous entoure, subit les embuches de la journée, peut ne pas aboutir et murir encore de nuit en nuit et de jour en jour, jusqu’à son épanouissement.
Ainsi, la nuit est cet « alambic » aux potions mystérieuses….
MT
Je me suis demandé quelle est cette force indécelable à l’œil et qui tient ensemble notre vie, qui, d’une multitude atomisée d’instants, parvient à faire une unité. De quelle nature est-il cet invisible mortier ?
Je crois le savoir désormais : c’est la nuit, la face cachée aux regards.
Tout ce qui a constitué nos vies et continue de le faire, les formes et les contours du monde manifesté, les espérances, les attentes, les séparations et les jubilations, tout trouve sa consistance ultime dans le formidable alambic de la nuit.
(…)
J’ai compris que nous ne pouvons affronter le jour que lorsque nous avons la nuit en nous.
Christiane Singer, Les Sept Nuits de la reine
commenter cet article …