Le jour est à naître.
Dans toute nouvelle journée qui s'annonce, existe d'abord cet instant, imperceptible, qui échappe le plus souvent à la conscience, l'aube, ce brouillard où la nuit et le jour se mélangent, où le corps hésite, entre quitter les songes et adhérer au réel imposé.
Comment l'âme, prise dans la tourmente de la chair, va-t-elle s'y prendre, pour briller de son essence dans la lourdeur des jours proposés?
Comment le corps, redevenu dense et oublieux des cieux, va-t-il épouser le mouvement de la vie qui vient à sa rencontre, comment va-t-il transmettre la vie qui pulse en lui, cette étincelle plantée là depuis la nuit des temps et qui avance inlassablement vers demain?
L'aube est cette mère douce qui, d'une caresse patiente, nous invite à sortir du lit. Elle prend son temps, soulève le drap, découvre un bras, touche la joue, embrasse les yeux pour que le regard, parti si loin dans la nuit, désire à nouveau s'ouvrir sur les beautés et les tristesses que le jour a créées et que la lumière naissante montre du doigt.
Mais certains matins, on le sait, un farceur a retiré l'échelle pour descendre de la nuit...
Le corps, à demi atterri, est en panne, un pied resté coincé dans un nuage, et l'âme encore vagabonde dans d'autres mondes... ©
MT