Illustration : Dürer le chevalier, la mort et le diable
Les armes masculines effraient l'âme des choses, je sais cela.
Je sais qu'en moi est un homme fort qui veut posséder, mais ne veut pas croître, qui veut pénétrer de force les secrets et qui refuse de s'abandonner à l'infini parce qu'il a peur de s'y perdre. Celui-là sait certes mener sa barque dans les vicissitudes du monde, mais pour explorer le dedans des choses, il est aussi inadéquat qu'un cheval fou dans un grand magasin.
Je sais aussi que derrière cet homme est une petite sœur à l'affût, tous sens en éveil, toutes fenêtres ouvertes. La pauvre ne se nourrit que de choses senties, que d'impressions captées, mais elle ne peut rien dire ni rien faire de ce qu'elle perçoit si l'autre, devant elle, ne s'efface jamais.
C'est cet être-là qui sait entrer dans l'intimité des pierres, des arbres, de l'eau, du feu.
Henri Gougaud
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