Un courant d’air s’avance, pressé
Il ferme les portes une à une,
Sépare le monde d’avant et celui d’après
Entre eux, des ponts frêles
Où ne voyagent que le léger et le nécessaire
Derrière toi, le trop lourd coule
Comme un pavé sombrant dans l’océan
Devant toi, rien qu’un esquif
Où chaque geste sera mesuré et précis
Pour te garder à flots
Tu sais à présent
Que tout ce qui n’agrandit pas ton cœur
Tout ce qui le rétrécit et le blesse
Tout ce qui en fait une étoffe rugueuse
Alors que tes doigts cherchent la soie
Oui, tu le sais,
Tout sera consumé jusqu’aux cendres.
Derrière toi
Ta chair se défait
La mort emporte tes souvenirs
Tes aimés et perdus à jamais
Ton passé se fracasse sur l’écluse refermée
Devant toi,
Rien de connu
Rien d’inconnu
Tout est neuf et à retrouver
Et tu trembles devant l’immaculé
Dans ce corps dénudé si fragile
L’aube attend ton élan
Pieds et mains joints,
Le regard rivé au cœur
Tu respires enfin.
Ton souffle chaud va fendre l’air
Il est la source et la fin
Où les rêves naissants
S’offrent en myriades de particules.
MT ©