Rabbi Zouzia se meurt.
Ses disciples le pleurent.
Ils sont tous là, autour du lit, à renifler dans leur mouchoir.
Ils tentent de lui dire l’amour qu’ils ont pour lui.
- Rabbi, gémissent-ils, vous êtes notre père, vous le serez toujours, pitié, ne nous laissez pas seuls, vous êtes notre saint Moïse !
- Moïse, moi ? Seigneur, grogne le moribond, qu’ai-je fait pour cela ?
Les autres renchérissent. Ils veulent à tout prix que leur maître Zouzia soit le frère, l’égal, le jumeau de celui qui descendit du mont Sinaï avec les Tables que l’on sait.
Le mourant en reprend des forces, mais c’est pour leur lancer, furieux :
- Mes enfants, misère sur moi si je suis l’homme que vous dites, car ce qui me fut demandé par Celui qui attend mon âme, ce ne fut pas d’être Moïse mais d’être tout entier, de haut en bas, Zouzia !
Henri Gougaud, Le livre des chemins
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