Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 octobre 2015 5 02 /10 /octobre /2015 13:03
Victor Habchy Photography (at Burning Man)

Victor Habchy Photography (at Burning Man)

 

Cette nuit nous dormons au creux des vagues de sable, dans un désert qui abrite notre marche silencieuse. L’air est pur et léger, il passe parfois près de nous en enfilant le manteau du vent, chasse de ses larges manches nos pensées tourmentées et nettoie nos anciennes blessures. Les étoiles impriment dans le ciel indigo la carte de notre futur, où nos noms semblent enfin se mêler. Il suffit de lever les yeux et de se laisser porter par la lumière éclatante qui perce dans le noir. Chaque étoile porte un de nos pas, chaque constellation dessine nos heures futures pleines comme des soleils. Elles s’accrochent en ribambelle, nous prennent par la main et ouvre l’horizon vers un demain illimité.

 

Nos corps, collés dans un sommeil vertigineux, respirent d’un souffle apaisé. Pégase nous tient sur sa croupe, lançant sa foudre sur nos vies, éclairant notre route, guidant nos pas vers sa source. La nuit nous tient prisonniers, elle ligote nos cœurs qui ne cherchent aucune délivrance mais s’amarrent l’un à l’autre en laissant la nuit les engloutir. Dans ce sommeil ailé, le voyage est aisé, la nuit chevauche nos rêves qui galopent vers nos âmes impatientes. Elles brillent déjà de leurs retrouvailles éternelles.

 

Tout, dans cette nuit, semble calme et tranquille. Le désert souffle ses sortilèges sur nos rêves qui n’attendent plus que demain pour recevoir le jour. Mais demain se fait désirer, il retient son souffle, laisse nos corps encore endormis s’oublier dans les songes. Il se cache dans l’aube qui frémit, attend de sentir nos souffles chauds s’éveiller pour respirer à son tour. Et enfin, quand la nuit perd de son charme, quand elle ne peut plus lutter contre la lumière qui l’envahit et la dissout, demain se fait jour, accouche en soufflant ses possibles.

 

Au matin, sous un soleil encore voilé, nos corps tièdes et alanguis se lèvent en silence. Nos gestes sont lents et mesurés, nos yeux se croisent en brillant, puis, épaule contre épaule, sans hâte, nous reprenons notre marche silencieuse et lumineuse à travers le sable. Les ombres de nos corps s’étirent derrière nous en flaques brunes, elles tanguent, se frôlent et se tressent à chacun de nos pas. Nos pieds s’enfoncent en crissant dans les dunes, des grains dorés s’accrochent à nos chaussures, roulent sous nos semelles qui les écrasent. Le silence cimente notre imperceptible enlacement qui dilate nos corps, noyés dans la chaleur du jour. Chaque pas est un baiser donné au désert, chaque pas est une étreinte invisible et muette entre nous.

 

Dans mon rêve, cette nuit, nous dormions et marchions au creux des vagues sableuses, comme des marcheurs déposés sur un chemin éternel…

 

11.10.06

 

MT ©

 

 

 

 

Repost0
30 septembre 2015 3 30 /09 /septembre /2015 22:00
Un moment de délice – Nathalie Pucci

 

Un moment de délice, de grâce et de beauté... Gratitude...

Me relier à Elle, La Lune rouge....

Me rendre à un instant de pure inconnue et laisser se révéler....

Ses couleurs chaudes inhabituelles, sa façon de réfléchir différemment les rayons du soleil et l'ombre de la terre...

Tout cela me bouleversa.

Je pouvais vivre instant par instant son évolution dans le ciel, son alignement. Son éclipse... Notre alignement, notre commune union ....

Je n'étais plus loin d'Elle, j'étais là, en face d'Elle, je pouvais la goûter... oui la goûter...

Je pouvais enfin réaliser son corps. Je pouvais respirer avec Elle....

L'astre chéri n'était plus un disque lointain tant aimé... à présent, Nous étions l'Une et l'Autre, dans une goutte d'éternité cosmique. Je l’Aime et lui fait don de sons, d'un mantra, de bénédictions nés pour Elle en mon sein...

Alors ses rayons lumineux, chauds, grandioses m'amenèrent à une extase douce.

Pénétrant mon âme et ma peau, je devins pourpre à mon tour. Ma peau s'embellit de la couleur pourpre. Ma main droite prit une autre dimension, flottant dans l'air, portée par une présence gracieuse, je réalisais ce que Da Vinci nous avait transmis dans ses tableaux. Exquises, délicatesses divines incarnées.

Un instant Transfigurée, portée aux nues, je pus vivre une apothéose silencieuse : le Christ est né en mon cœur.

L’éclipse se retira progressivement de la lune et de moi. Loin de me laisser une absence, une nostalgie, La Lune redevenue blonde fit apparaitre dans mon champ de conscience la silhouette d'un arbre, ses feuilles jouaient à faire vibrer la Lune. Il m'invita à respirer et vibrer avec Elle de cette manière sur la Terre.

Ce fût à ce moment-là qu' Est né de moi un être de Christal....

 

Avec amour

 

Nathalie Pucci

 

 

 

 

Repost0
28 septembre 2015 1 28 /09 /septembre /2015 18:07

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Repost0
27 septembre 2015 7 27 /09 /septembre /2015 12:14

 

Notre corps est une antenne entre ciel et terre, qui capte les informations énergétiques, vibratoires qui viennent de l'univers.

Alimentation, émotions, pensées, vont alourdir ou fluidifier cette connexion suivant leur qualité.

Une idée qui va dans le sens de toutes les sagesses traditionnelles qui invitent à une réforme alimentaire, une clarification mentale et émotionnelle.
 

MT
 

 

Repost0
26 septembre 2015 6 26 /09 /septembre /2015 22:00
Les chaînes de la domination - Alice Miller

 

 

 

Il est urgent de mettre fin, par la prise de conscience émotionnelle, à cette « transmission héréditaire », d’une génération à l’autre, de la destructivité. Un homme ou une femme qui gifle, bat ou offense consciemment quelqu’un sait qu’il lui fait mal, même s’il ne sait pas pourquoi il le fait.

 

Mais combien de fois nos parent et nous-mêmes n’avons-nous pas blessé douloureusement, profondément et durablement le Soi naissant d’un enfant sans nous douter le moins du monde de ce que nous lui infligions.

 

Si nos fils et nos filles en prennent conscience, s’ils peuvent nous le dire, s’ils nous donnent la chance de voir nos erreurs et nos défaillances, c’est une bénédiction.

 

Cela permettra à nos enfants de rompre les chaînes de la domination, de la discrimination et du mépris, transmises de génération en génération. Ils n’auront plus besoin de se défendre par le pouvoir contre l’impuissance si leur impuissance et leur colère d’enfant sont devenues des expériences conscientes.

 

 

Alice Miller, Le drame de l’enfant doué

 

 

 

 

 

 

 

Repost0
21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 19:20

 

 

 

La beauté que tu vois en moi est le reflet de toi-même.

– Rûmi

 

 

Repost0
19 septembre 2015 6 19 /09 /septembre /2015 21:14
Route of healing

 

 

 

After six years of disease and suffering, I find myself cured, practically overnight. What could appear as a grace or a miracle, is before any the fruit of a long process and the put into action of a radical choice ending a relation and a situation where to undergo unacceptable things maintained me in the toxic memories of my past of child.

 

The speed of my healing does not stop questioning me and coming along to make return on my childhood, on whom I am really and on my route of healing which began well before the disease.

 

One month before my healing, I was still in a pathetic state, in chronic fatigue, breathless full of oedemas, carrying with difficulty the twenty kilos which I had taken since the disease, in physical and psychic tension, literally at the end of my reserves. My vitality continued to decrease, while it was already well affected after six years where my body had known practically the disability, the pains, the insomnias, the neurological, cardiac, articular, digestive problems, in to feel me as a grandmother, knowing that many grandmothers were in better shape than me and that I envied it more of one in the street!

 

 

At the heart of the powerlessness

 

I met the confusion, the shame, the solitude, the powerlessness, the despair, the feeling of monstrousness and an almost total absence of empathy, so much my circle of acquaintances -rare-as on behalf of the medical profession. The suffering and the disease wake at the others some reflexes connected to their own fears, and these fears have a rather simple strategy : put all this at a distance, not to imagine that it could arrive at oneself. And as few of us were at the heart of their original suffering, that is then difficult to welcome that of somebody else, at the risk of resonating with our own knot of suffering, kept very profoundly in an inaccessible crypt.[1]

 

Furthermore, it is necessary to admit it, we are all rather badly equipped for the authentic empathy[2], and when we have some vague desires on this matter, our attempts are rather disastrous, we confuse empathy and seizure of power.

Thus the best way which finds the circle of acquaintances of a sick person, is to give her the order to become again "normal" as quickly as possible to restore their own safety, and if you do not obey, you are the living proof of a dysfunction of which you are only responsible, for height of bad reasons: you do not want to cure, you do not want to go out of the confinement of your suffering, you do not move enough, you have shells which prevent any relation, you have something to understand, you listen too much to yourself, you less have only to think of it and maybe even to think a little more of the others, in brief, you should be in a place or to the full other places except that where you are in reality … Supreme Violence!

 

I also met the death, or at least this imminent sensation which lets in to this space where we know that everything can fall over in about seconds, because the body flashes of everywhere and sends messages which we cannot decode but about whom(which) we know how to measure the urgency and the intensity. Nights with bradycardia in eight of the tension, where I feel the body spining between the stitches of minutes, or on the contrary, one night with eighteen of the tension and hundred and forty of the cardiac pulsations, the brain which mashes in the space, in perdition while waiting for S.O.S. Doctor who puts more than one hour to arrive... In six years, I had the opportunity to experiment diverse states, difficult to share, and I needed time to validate all my felt, so much these messages of the body were sometimes indecipherable (illegible), intense, but without a link with the mental or an emotion to succeed in putting to it of the sense or in bringing to it an adequate answer. For example, repeatedly, I had this feeling whom I was in danger, whom my body could break any time, and whom I would have had to ask for help; something inside told it to me, but I could validate nothing really, I did not call the doctor and if I spoke about it to the person the closest to me, I had not at all the sensation that he measured what I had crossed and I was never joined, as if what I lived was something trivial.

 

It is in these moments that I began to understand that in my childhood I had had to know these extreme states, unless nobody cares about it, or without an adult, by his own concern and by an appropriate action, gives a limit to the suffering or to the anxiety of death and by welcoming them by his presence.

How many nights, at these nursemaids, how many nights, in this nursery in Grenoble, where my fate did not maybe cost much, where probably to cry, to roar, to suffer, to let die itself, had no importance and left not concerned or not susceptible adults in the indifference?

 

René Spitz, psychoanalyst of the 50s, very well studied the infantile condition and the syndrome of hospitalism at the children separated prematurely from their mother. The children receiving care but deprived of emotional link develop physiological troubles and behavior, going to a phase of retreat and refusal of contact.[3]

 

 

Support my body

 

Fortunately my therapeutic route made me meet some people who were able to validate, by their listening, by their own felt, and sometimes the most subtle felt, what I crossed really, and so to allow to validate my perceptions. I had the impression to die, to be a leaky seal which lost all its substance and in spite of my descriptions, nobody heard and understood me or took me seriously. [4]

 

In the first two years, during energy care, I received two informations which mutually confirmed that coming from different people. " If I continued like that, I left my body ". I remember myself that far from panicing, it had aligned something in me. I could finally have a measure, a calibration of what I felt. The confirmation and the reality are undoubtedly less alarming than the confusion.

Then, another sentence, which resumed moreover exactly what I said myself inside, namely that my body, energetically " looked like a 90-year-old woman " and it vibrated " as the people who are at the end of life ".

 

From this moment, I of course never gave up the idea "to understand", or "to cure", or to find "the" remedy which would improve me, but, aware that I was in a process which I ignored the scale and the duration, I centred my care to support this body, only this body, so that, while waiting for the possible end of the tunnel, I can keep the head outside the water and not sink. Shiatsu, drainage, energy care were my base, without losing my shaman spiritual route. And between these two poles, material - spirit, the everyday life, with its descents into hell, the exhaustion, the total loss of marks, the absence of support, this stabbing questioning of " how to hold ", " how to bring out there ", without being able to extract anything from the lead screed which seemed molded around me.

 

 

The experience of the doubt

 

In what, to whom, to hang up? I did not know it. I was any more carried by nothing, and in any case anything of which carried me before. Everything had collapsed. I would have liked I could read this sentence in these moments there: " Hold your breath in hell and does not despair ". [5]

I knew how to make nothing more with my body, everything became difficult and I did not any more manage to keep only one benefit from my route and from all that I had learnt.

It's as if I had been dispossessed of all my capacities. I was in an another space-time. In the point to doubt of my route and to tell me: " all this for that "!

Thirty years of progress to get to this point… which disaster … The judgment which assailed me was merciless. I had had to be on the wrong track. Missed something. The disease became the objective evidence of this error of switchpoints.

 

But so rather, instead of being a failure, I had dared to think that this disease arrived just at the right moment, because I had enough explored my story, enough found the way back of the feelings, the connection to myself and to my soul, and because I was ready to go even farther, to go towards more freedom and consciousness? I went out of a long relation, ready to take off. And I found myself nailed on the ground, with broken wings.

 

Somebody will tell me: " we give lessons difficult for the good pupils ". whatever! It regilt a little my ego in a very bad state, me who could not aspire any more in much, and at the same time it consolidated me in the idea that I was on my way, even if the path seemed blurred and the destination, unknown.

 

But before being really able to imagine that this experience was not a failure, it tooks me time and additional progress.

 

Because in the most lively of the experience, submerged by the symptoms and the suffering, confronted with those whose ego spread(displayed,deployed) inexorably in the "to make" and the " I know ", who the omnipotence had not been affected yet and who sent back to me that, they, had not fallen, I felt rather pathetic. I perceived how to be sick was perceived as an inferiority which consolidated many people in their feeling of superiority or their certainties. I did not have grip anymore on nothing and no one and I had few things in which to hang me up.

 

 

Slow return to one

 

I had nevertheless the attention and the presence on myself, in rare moments but in a continuous way, because when the suffering was too intense, I had no more one millimeter of distance and I found myself completely identified with what crossed me, for hours or days, until the suffering diminishes and then I could think again normally, believe that something could open again and that my life took its "normal" course. Several times the trust left me and profoundly I wanted to to give up the fight. If every morning I got up by reaffirming my desire to live, I asked to finish it, to be "called back" in the Great Whole, disconnected definitively. The life had no more sense in these days which were alike all and in which I was only surviving in an indescribable exhaustion.

 

Nevertheless, very profoundly in me, in a very tenuous way, I felt something, as a furrow which did not break and knew where it went. An invisible plow continued to dig my earth. Me, I was lost, destroyed, brought down, deconstructed, but something informed me that it was not a defeat, not a the fate, that it was the process and that probably the Life knew where it went. It was hardly audible and it did not look like some hope, but like an intelligence which knew the direction and which stayed up by my side.

 

Nevertheless, even if I understood that it was a process, I also understood that I could die from it without having had time to find the exit or the peace of mind. At nights when I believed that I could leave, where I thought desperately that I did not have time to achieve me, no more than I had had time to make a will (it seemed to me suddenly inconceivable to leave so all my objects, without being able to confide them with tenderness to the closest!), it is not the fear which embraced me, but an emergency feeling, of unaccomplished, trying to understand in what, to whom my days had been of use up to here. Then, went up the frightening report that I was not "ready" to die. Not ready in the sense, "not all right", but in more and especially, "not prepared" to break and to be in peace with the path which would have been able to be mine till this last hour.

And at the same time, I had the feeling that I did not stop dying for six years, that whole pieces of my building sank, that I was planed of everywhere in my structures, that I was purified by a fire which consumed the former and the useless.

 

I learnt of my spiritual guide that it is at the heart of the powerlessness that the sacred makes its nest. I was there. On the knees, crying all my losses, not knowing for which grace to ask.

 

What is it thus that held me "alive"? I wondered permanently about what held alive the humanity in its biggest challenges. I had no answer. When I was at the end of my limits, I just said: how did they make?

The thought of Christiane Singer which I admire so much the writing and the route, did not leave me all this time. Moved by her last book " Last fragments of a long journey ", I stayed as bewildered by her end. I thought: if her, she left, what can I do, I, in front of what crosses me? It was a big lesson of humility to agree on the destiny of each.

 

My intentions, my "will", my determination, seemed to me good little thing in the face of what annihilated me. I felt no power. Even if we hear so often that we are co-creative, that we have an unlimited power, where I was, I had difficulty in measuring it and I was not very sure to contribute to it a lot!

 

I had the impression to move forward connected to different levels. On one side, my internal strength which did not want to weaken, carried by my impulses of gratitude in front of the beauty, offered by the short-lived on which I fed; on the other hand, a feeling of total powerlessness in front of the mystery of the life and the death, in front of all which was removed from me, in front of the strengths which suddenly wake up and assail you. I was aware to be taken between my my unlimited part, connected to the divine, to the eternal consciousness, and the part the most limited in me, connected to my personality, to my humanity, to my flesh, to my body so difficulty "controllable " and repairable!

 

I feel in me, really, or at least I saw very clearly, this impulse of life, these projects which waited to open, this drive which tried to find its fire, I saw taking place all the possible, they were almost at the end of my fingers, but on the other side of a border and everything remained impossible. I was the witness of my powerlessness, a strength stronger than my own desire. A lead screed recovered me, I did not manage to pass through and no thought could become a reality for sometimes very simple and ordinary things. I even had no strength to discuss me, I just wanted to roar to be as immured alive.

 

 

The meeting of memories

 

How to explain six years of suffering and descent into hell? By a lack of intelligence, consciousness, desire to live, of will to be cured? It would be so reassuring for the most part of people! So each could feel protected from what can arrive overnight, the disease as the death and especially the unbearable suffering stemming from past.

 

If the disease was the signature of a lack of consciousness, how to explain that so many very advanced people on the path, so many saints, nuns, or gurus, are confronted with it?! The disease remains stigmatized as an experience today which arrives at people who " are not in the good path", " who have something to understand ", " who are not in the light ", " which pays their lack of lifestyle ", in brief, I heard so many ineptitudes in this connection which could give to smile by their naivety and their peremptory insurance, but when we are at the heart of the storm, it does not make laugh at all. What is sure, it is that the only thing which is to understand, it is that there is something to cure.

And that we cannot cure with words and methods using the same ill-treatments undergone in the past.

Every being meets one day its limits. Or not. The illusions are numerous and we are so much limited that only the humility should be our guide in any event. It would be so preferable to say " I do not know ". Because those whom I met and who told to know, spoke about something which they did not experience. Just like I could make it myself a few years ago, before this crossing. Yet, it is the experience, only the crossing of the experience, that allows to speak about what crossed us …

 

In the process which was mine, nothing of the consciousness or the felt had disappeared. On the contrary, in time, both increased and went to meet this cellular memory which oozed of everywhere and which it was necessary to welcome. No snap of the fingers, no will could make me go out of what made me sick. We approach this type of stage with all the veils  and the repressions left in the past, as long the past of the childhood, that the transgenerational, even karmic past.

 

For my part, the strength of this memory was so powerful, so mortiferous that nothing of it I had learnt, my faiths, my knowledges, my thirty years of "personal fulfillment" was not capable of "understanding", no more than " to welcome " what appeared so suddenly and so intensely in my life.

And I repeat it, no "will" has action on this process. The will masters nothing. To want is not to be able to. At best I could keep as closely as possible to me, in the most intimate of my being, an intention : that to be cured and to bring me out of it alive. And there, I was sure of nothing, because the strength of what crossed me overtook me.

 

It was as a river in flood. If the human beings did not plan a dam or if the dam gives in under the intensity of streams, or if the nature does not set material resistance against this flow, then this water is going to invade everything, is going to flood everything. One will need that efforts and of time to take the rap, to clean the space bogged down by what the water drained with it, to dry up, sort out, re-order the space damaged by the flood and the devastating pool of mud.

 

This is the way had come and had penetrated my past, distant past of the first days, the first months, the first years when no word is still present to tell what takes place, no logic to explain the abandonment, the forgetting, the absence of link, the banishment.

 

No word. Only the putting in abyss. Only the body which knows, feels and "thinks" by its cells, by absorbing every engram, to be - a day perhaps - decoded in an improbable future. [6]

What cannot to be think, to be tell, joins with strength, seemingly invisible at first. But everything is intact, left in deposit in the material of our body.

The strength with which is going to express itself this memory is proportional in the intensity of the trauma and in connection with the stressful conditions of the present environment.

These conditions are indeed tolerant so that the body and the unconscious perceive the similarity between the present situation and the past situation. It can be of the harassment in the work, the violence, the disease, a mourning,… The life is going to put us in situation of to feel again what was in a cyst and what we shall be brought to recycle, as waste which it is necessary to transform, to deal to clean up a place.

 

Thus was enough a particular situation, in this particular case extreme for me as Lyme disease to be dipped back into the vulnerability, the pain (not understood, exactly like that arrive when babies cry and when no adult knows how to bring of adequate answer), the weakness, the fatigue, the loss of mark, the total powerlessness so physical as psychic, all these conditions which make that we become an ideal and so easy "prey" for other people who are going to rush into this fault and to throw all their faiths, all their reactions, all their ill-being with an intensity which would not so express itself in other circumstances.

 

So the wound of an other one, its weaknesses, are going to be able to play as before the behavior of the parent with which we were in link in past and which hurt us. It is all the problem of the dependence that resurfaces. An adult limits (normally) his mistreating actions towards another adult, but much less towards child who cannot estimate what takes place, nor to react or to avoid and run away. The dependence is the source of most of the ill-treatments : human being / animal, man / woman, adult / child, professor / pupil, leader / subordinate, every time there is a domination and an abuse of power of which we cannot extract easily. In certain situations, our defenses are decreased, allowing this domination and to be literally sucked the lifeblood out of by the system of other one.

 

 

Immune system and integrity

 

Here, in this disease, it is all my immune system which was lacking, among others physiological disorders, because the nervous system was also seriously affected, I was lived as a parasite up to the heart of my cells, my brain.

Immune system right-minded to sort out the one and the non-one …

At which moment, better than the early childhood, this border is at the lowest, almost abolished, our "one" being diluted in the "one" of our mother, our etheric body receiving and building itself from the etheric body of our mother, our body and our psyche not being separated from those of our mother yet?

Let us call back that the immune system puts seven years to build itself, thus that we are totally immature in the first years of the life and that we learn slowly to differ.

If everything takes place "good" or "at best", we are going to break up, on the condition of being safe, to having a territory and being able to pass by the stage of "no" without being destroyed psychically. The stage of in which the child learns to persist appears in the neighborhood of the fifteenth month.[7]

Without safety, without territory, "No" becomes obviously difficult and the child remains stuck in a mortiferous inhibition.

 

Also let us remind that according to the experiences of Henri Laborit on the stress and the observation of three possible attitudes in front of a stress, (attack, flight, inhibition), only the inhibition generates psychosomatic consequences. [8]

 

So the disease was configured for me as a place of regression towards the childhood where I crossed again the living conditions which had been so mortiferous for me, without adequacy with my elementary needs and my deep being.

 

Role-playing games

 

In this hypersensitivity revived by the disease, everything rushed in a aggravated way and the cellular knowledge of past, as well as the discernment and the knowledge of myself acquired by my progress, allowed to reveal unspoken, implicit, denial, incoherence, all which had constituted my acute but passive observation in my first years of life. I began to get and especially to live things, situations, behavior, which put me in big suffering, affected my integrity and obviously I found myself in the impossibility to be welcomed. Of course, I said to myself that it was me the problem, it was me " who was wrong ". I was not "adapted", it was necessary " that I had something to understand " (because we did not stop repeating it to me!!), that "I had to improve something", all these things which the child says to himself in the face of a parent who requires from him things against his deep nature and who uses the child to answer at his own lack of self confidence and at his dissatisfied needs.

So desire, love, presence, share, link, I was left at the door of all which could feed a relation.

I was returned to what my mother, by a deep cut with herself, had not been able to give me.

 

The impossibility to have the smallest places in the intimacy of other one, the ambivalence, the not recognition, the contemptuous and breakable word, the bad faith, the humiliation, the rejection of my body, the games of power, the manipulation, everything replayed in a more or less subtle, explicit or implicit way, through my powerlessness and my symptoms which grew up as the lack of empathy and presence showed itself as a bottomless cut where I could be neither seen nor welcomed for whom I was really.

Over time, I got that a structural, deep problem, prevented any link, possibly having nothing to do with love, even if de facto, it could not show itself and be offered, and that it had to see with the wounds of the past.

 

I was unable to see the correlation between my symptoms, which I put exclusively in link with a previous separation, and this current relation, and as well as in spite of the fact that I took back foot in life, that I took care well of me, the disease settled down in the chronicity, that my vitality decreased from month to month, that I continued to gain weight, and to swell (preferentially in the presence of the others!), and that my esteem of me was not more than a shagreen. Today, I can imagine that more I repressed what I felt and which did not suit to me, more my body decayed, as the child who is condemned to make die his deep Self, to continue to please his parents and not to disturb.[9]

 

" The better we know the story of our life, the better we can detect the manipulations, wherever from they come. It is our childhood which, if often prevents us from it. It is our old dream, never lived completely, to have good, loyal, intelligent, aware and brave parents, that can lead us not to see the bad faith or the unconsciousness (…). When the illusion so well meets our needs and our distress, it is longer necessary to open eyes. " Alice Miller, The drama of the talented child.

The manipulation concerns here all the strategies organized to monopolize the other one and make him available for us.

 

So I remained blinded, most of the time in state of confusion and quartered between paradoxical information.

 

On one side, I was the witness of behavior letting me believe that the other one was committed, while the person who was really available and requester in the relation, was me (moreover too much and pathologically available in view of all the space which the disease took, cutting me of the expression of my personal needs and leaving me, as the child formerly, in the only positioning that allows the dependence: be totally available on needs and on timetable of other one, to obtain some crumbs of love); and at the same time my body got all the signs of ambivalence expressed physically by the other one (because practically nothing expressed itself by the words), signs shown with strength and constancy, maintaining my suffering and a feeling of madness.

 

I lived more and more in situation of double bind. The more I gave, the less I received. And the more I began to rebel, to affirm my position and thus to answer less unconditionally to the unconscious needs of the other one, the more the other one left in the flight and the disengagement.

The body of the other one closed in front of me, while I saw as it opened systematically in front of other women, I saw how generosity, patience, efforts, were offered without limit outside, when I was entitled only to intolerance, impatience, stinginess and was mistaken for my vulnerability.

 

The disease had made me like " all small ". By the law of résonnance, what could be more effective to meet people, situations, behavior which were going to echo the way I had been treated when I was " all small "?

 

 

Go out of the disenchantment

 

But how far can we continue to protect the others, to undergo their wounds which hurt us and their mistreating systems even perverse[10], being afraid that our own truth could be hurtful for them? How far can we stay in the disenchantment? How far can we deny our needs and deep being? How far can we stay in the illusion? [11]

It arrives one time when, having expressed our needs and having had no answer, it is not possible any more. The internal truth asks for grace, whatever is the price to pay.

It is by bringing out of this invisible loyalty that it is possible to end the toxicity of past and that we can cure. " Each has to pay the price of its desire " said the psychoanalyst Willy Barral.

 

The loyalty had held me in a misunderstanding of myself and persuaded that I was the source of the problem, that there was something to change in me and that always by accepting more the requirements and the bad faith of others I would maybe be kinder and finally loved. The loyalty maintained me in the confusion, incapable to separate me from the toxic system which had served me as reference, and it deprived me at the same time of the discernment and the necessary resources to go out of the system.

 

Due to listening of myself, due to validating again all my intern felt and my feelings, to give the priority to what my body express and not in what the outside seemed to expect from me, the truth appeared little by little and raised as rocks buried under an earth more and more loose. The obvious fact of the non-welcome which I lived, swelled proportionally in my body which swelled in every collapse of the presence of the other one.

 

This priority restored in the felt, extended until the intuition, my antennas raised themselves. It was time ! given that several people had already seen and anticipated for several months what I would be forced to live and to see my own eyes, in the humiliation.

 

And my antennas told me that I was again in danger, that the other one, in its systems of flight, had put a lot somewhere else. On-surface denial, and nevertheless I had, profoundly, the conviction that something took place. The sky was suddenly loaded of a new energy which alerted me. As the child knows intuitively the estrangements and the treasons of her mother and understands that the reasons which we give him are never the real, I knew with acuteness that something built up somewhere else, and that I was subtracted from the truth, held in the secret of a psychic process which finality was the abandonment and my sidelining.

When I felt it, cutting the space in front of me from top to bottom, a sword got up. At the same time as an indescribable anger.

 

When the sword got up, did I arm myself my arm either my arm was armed by a strength bigger than me? Maybe it was the Life which protested in me, which required due and asked to find necessarily space in a system so mortiferous.

 

The strength which crossed me seemed me phenomenal, at the height probably of the opposing strength which was to gobble me down and let me died. I was stuck in indescribable, untranslatable hell and something in me got up and said: stop!

 

Within hours which followed, a sentence fell: " you are free and cured ".

 

The price to pay was of the same nature that when in the past I tried to say no to my mother and when I found myself in a system of vengeance and punishment. I paid generally dearly my attempts of freedom or autonomy, and my mother made me understand, at once clearly, that I was not any more " her daughter " and that she preferred me somebody else, a cousin generally, on whom she cross-posted(poured) her generosities, her presents and her attention.

 

So after this limit posed, I was "replaced" within one week and I also “paid" financially the end of this relation, by a debt which was not completely paid off to me. Finally, only practices which were common in my family system and the realization, the crystallization of which I could see here, in good conscience, and especially find the emotional way back that it woke, I mean furies and destroyers. These angers, lived inside, crossed me for days and days, in so intensive way as I considered capable of hurting others and especially myself. A massacre took place inside me. I had the impression to sit on a bomb, from which the load escaped and of which I was not any more in control.

But a part of this anger stood me and had returned me my dignity, my integrity, by ending the lie and the denial.

 

 

The healing

 

The "magic" of the crossed process, although very painful and traumatizing, it is that overnight I could again walk normally, to carry heavy things without not being overcome anymore, lowering me and raising me easily, I found my strength, my impulse of life, the streets of the city opened again in front of me, me which had remained stuffy during six years in a very restricted space and I took pleasure to return in feet of my meetings.

My body took its rights back, took out its "trash cans", did the cleaning. An asymptomatic cyst for years ignited all at once, in the point to become as big as an egg. My natural treatments did not get through it, and after the visit at the dermatologist and the antibiotic cream, some thick pus passed by during at least three weeks.

 

Really "disgusted", literally, by this end of relation, I was every day with nausea and my body began fasting, probably digesting things more important and more subtle than solid food. In one month, I had lost ten kilos, found a face, I had no more oedemas, I collapsed no more in the slightest effort, my skin which had become cracked as that of an alligator, had become again fine and soft, my opaque eyes had become again brilliant and my voice had become firmer and settled. A transformation that the people who had seen me one month before did not miss to point out me, as two of my therapists who noticed that it was " in the daytime and at night " and that I had been capable for achieving a real "revolution". For the first time, I did not really need a validation, so much the obvious fact was intensely lived in my body and that I felt this revival unconditionally.

 

I was "as before", in the sense where I found again something that I had totally lost at the time of the disease, and of course, I was not any more the same, transformed by the event and an internal freedom which was in germ and which wait to deploy.

 

However, everything is not solved in my life. A seized childhood, with needs denied in the deepest, leaves tracks. I thus have to conquer my present and my future. The life is powerful and fragile and nobody knows which is the next stage, the next test, because it is the Alive which comes to look in us what must be endlessly transformed. Funnily, I just ask the universe for a small break, which seems to me deserved well … I feel safe of nothing. Just attentive.

 

To take out memoirs of past goes " to relive his suffering ", as says it Arthur Janov[12], to go finally towards the autonomy. And " The real autonomy is preceded by the sensation of dependence. The real liberation is only once overtaken the profoundly ambivalent feeling of the infantile dependence." says Alice Miller.

 

Why can the experience take place, why this memoirs can be reactivated in a so intense way? It is Danièle Flamenbaum, author of the book " Wished Woman, desirous woman ", who put me on this track of understanding. If something is woken in a relation, it is not because there is no love. It is on the contrary because at one moment we touch this sensation of love or something which looks like it, and because as a consequence, we are returned to the first love story of our life, that from our mother.

 

But to find the real way back to love, it is necessary to find the way back towards oneself and the Self who was forgotten along the way.

 

" It is from this spontaneous, quite natural access, in his feelings and in his personal desires that the human being draws his internal strength and his respect for himself. He has the right to live his feelings, to be sad, desperate or to need help, without being afraid of perturbing somebody. He has the right to be afraid when he feels threatened, to get angry when he cannot satisfy his desires. He knows not only what he does not want, but also what he wants, and allows to express it - that it is worth to him being loved or hated. "

 

Here is the real invitation to freedom, to which we are still many to be invited, to cure and to grow up.

 

" We can change nothing of our past, do that the damage which were imposed on us in our childhood did not take place. But we can change, "repair" us, get back to our lost integrity. For that purpose, it is necessary to decide on us to consider closer the knowledge which our body stored on the past events, and to bring it to the foreground in our consciousness. This way is certainly uncomfortable, but it is the only one, it seems, who allows us to take out finally of invisible prison of our childhood and to transform us, of unconscious victim of past, in a man or a woman responsible, who knows his story, and lives with it ".[13]

 

Michèle Théron

 

Gratitude

 

A way lived in the solitude does not mean that we were not accompanied …

I thank all the people who were on my road, those who love me as those who hurt me, because all allowed me to move forward on the path of consciousness.

I thank the soul of P. for having participated in my cure

I thank JC for having shown me the path of the heart

I thank Ch. my friend, my sister of heart

I thank my therapists, D., Ch., C., and their benevolence which was as a balm

I thank M. my spiritual guide, to have allowed me to remain connected to the sacred

I thank the invisible presences, the mystery of the life and all which overtakes me,

I thank my parents, who gave me the Life

I thank my body, its intelligence and its strength

I thank the earth which carried me …

 

 

 

 

[1] See Boris Cyrulnik's book " Save - you, the life calls you ", where we see how the suffering can remain inaccessible for years; he quotes in this connection Nicolas Abraham's work " The bark (peel) and the pit(core/nucleus) " which establishes the best psychoanalytical theorization of the notion of " crypt ".

 

[2] We are equipped in fact from the childhood for the empathy, but our educational mode, the relational ill-treatments, cut us of this natural resource.

 

[3] René. SPITZ had demonstrated it by studying the functioning of nurseries.

In a model nursery, he notices that the children deprived of their mother present a sensibility increased in the infections (37 % of mortality) with compared with those of a parents' house that he followed simultaneously ( no death).

This is the way he grouped a number of grave disorders, engendered at the infants by a prolonged stay in a hospital environment, under the name of "hospitalism".

He indeed notices that in spite of attentive care, the children separated from their mother do not manage to develop normally. Their physical growth is slowed down, the resistance in the diseases decreases, the intellectual level decreases, the language remains rudimentary, the balance is present almost always.

This last phenomenon goes hand in hand with a major delay in the field of social relationships. The balance is the result of an emotional deprivation or an instability of the existential relations with the people of the circle of acquaintances.

In the syndrome of the hospitalism, the child sometimes hurts (he bangs the head or tears away(extracts) from tufts of hair) and disorders disturbed persons settle down: after the shouts and the tears of confusion and anxiety, the resignation settles down with the apathy, the refusal of food and the indifference. These disorders are stressed all the more as the separation arises prematurely and as it is long-lasting. For R. SPITZ, after the fifth month of separation, the disorders are irreparably fixed.

 

[4] " The child has an innate need to be seriously taken and considered for what he is. " What he is " mean : his feelings, his sensations and their expression, and this, from the stage of the infant. In an atmosphere of respect and tolerance for the feelings of the child, this one can, in the phase of separation, give up the symbiosis with her mother and carry out(achieve) his first steps towards the autonomy "; Alice Miller, The drama of the talented child.

 

[5] " To cross the worst moments of the life, which advised saint Silouane, one of the biggest spiritual of the orthodox tradition? In any case not to pray - how to pray when we are not more in relation, when in our interiority we have nobody anymore to whom address?

And there also, his word applies to every human being, whatever is its faith or its disbelief - " hold your breath in hell and does not discourage! ": you have the feeling that nothing more holds or hold you, but there is this breath which crosses you and keeps you nevertheless alive : concentrate on this breath, inspire this air which comes to you moreover and, by expiring, chase away what blocks you and suffocates you! You do not deny hell where you are; you do not cultivate the hopeless thought that nothing else exists : You put all your attention on this tenuous but stubborn breath which still speaks to you about the life. And it is through your body that the breath of a Presence is going to reach you little by little as the peace will invade you. ", Lytta Bassest, This link which never dies

 

[6] We resort to mechanisms which allow us to avoid the reality when it is unbearable. We repress the harmful information and we store them, while waiting for to be able to treat them. Arthur JANOV quotes an experience led in a laboratory to illustrate his words on the expulsion:

" (…) In a laboratory of biology, an amoeba, unicellular being, swims in a Petri dish. A researcher adds some ink of China drops to the water of the bowl. The amoeba absorbs the pigment and keeps it in a vacuole. Then he replaces the water polluted by some fresh water. The amoeba evacuates then ink granules, takes back its normal state (…) ".

Farther, he returns on this experience to compare it with our human being's functioning:

" The behavior of this microscopic unicellular body so primitive is nevertheless revealing and allows us to understand better the human neurosis, because it is, under the angle of the evolution, the prototype of the human future. The way the amoeba handles the foreign intrusion of the China ink is similar to the one with which we handle our traumas. In both cases, an agent of stress causes in the body a mobilization of the defenses and modifies his normal functioning. The amoeba locks the unwanted granules into vacuoles; we repulse the harmful information and store it in our brain (…) ". Arthur Janov, in The Body remembers, p 18, p 26

 

[7] The stage of "no" denotes the acquisition of a capacity of abstraction, revealed by a faculty of judgment. For Spitz, "no" is the outcome of a long process of somato-psychic maturation which opens the way towards the human communication. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Spitz     

 

[8] See the well know experience of Henri Laborit on " the cage of inhibition ", experience led with rats to whom we allow to be or in the attack, the flight or the inhibition: http://www.alasanteglobale.com/laborit.html

 

[9] "The adaptation to the parental needs often leads to the development of a" personality-like-if "(…) The child behaves so as to show only for what we expect from him (…) His truth Self cannot develop and differ because it cannot be lived. (…) There was a drying up, an impoverishment, a partial breathlessness of their possibilities. The child was hurt in his integrity, and it amputated him of the spontaneity, the life force". Alice Miller, in The drama of the talented child.

 

[10] I restore here in this term its sense stemming from the Latin etymology: in the sense of " changed for the worse " but also in the sense of "distorted", of the Latin pervertere, to overturn, to return, to turn upside down.

 

[11] Alice Miller reminds that the mistreated children are " without the slightest condolence for the child that they were, and this is striking all the more as these patients show not only a faculty of little common introspection, but another rather big capacity of empathy ". But " they do not take seriously their fate of the childhood, do not have no slightest emotional understanding of it (…). The original drama was so perfectly interiorized that the illusion of the " good childhood " can be saved ".

 

[12] Arthur Janov, The body remembers, be cured by reliving its suffering

 

[13] Alice Miller, The drama of the talented child

 

 

 

http://lejour-et-lanuit.over-blog.com/2015/09/parcours-de-guerison.html

 

Repost0
18 septembre 2015 5 18 /09 /septembre /2015 22:14
La peur du féminin – Anne Baring

 

 

Dans la culture patriarcale, la peur irrationnelle de la femme reflète, du point de vue jungien, la crainte que l’ego, conscience toujours en évolution, ne soit englouti par l’unité primordiale indifférenciée, la gueule béante ou les entrailles de la nature.


La femme elle-même était inconsciemment identifiée avec tout ce qui dévore, et le péché d’Ève prouvait qu’elle n’était pas digne de confiance.


Pour les hommes qui n’ont pas confiance en leur virilité, qui n’ont jamais vécu une relation adulte, mature, encore moins une relation sexuelle avec une femme — et dont la perception intérieure de la femme reste sous-développée parce que la femme n’a jamais été reconnue pour elle-même, mais uniquement pour les services qu’elle peut rendre à l’homme —, une femme indépendante et éduquée et, à Dieu ne plaise, une femme ayant reçu l’ordination, représenterait une menace — inconsciente — de la castration et de la mort.

 

— Anne Baring, The Dream of the Cosmos: A Quest for the Soul 

 

Source : https://carnetsdereves.wordpress.com/2015/09/11/anne-baring-la-peur-du-feminin/

 

 

 

 

 

 

Repost0
16 septembre 2015 3 16 /09 /septembre /2015 19:39
Parcours de guérison

 

 

Après six années de maladie et de souffrance, je me retrouve transformée, pratiquement du jour au lendemain. Ce qui pourrait apparaitre comme une grâce ou un miracle, est avant tout le fruit d’un long processus et la mise en action d’un choix radical mettant fin à une relation et une situation où subir des choses inacceptables me maintenait dans les mémoires toxiques de mon passé d’enfant.

 

La rapidité de ma guérison ne cesse de m’interroger et de m’amener à faire retour sur mon enfance, sur qui je suis vraiment et sur mon parcours de guérison qui a commencé bien avant la maladie.

 

Un mois avant cette étape de guérison, j’étais encore dans un état pitoyable, en fatigue chronique, essoufflée, pleine d’œdèmes, portant difficilement les vingt kilos que j’avais pris depuis la maladie, en tension physique et psychique, littéralement au bout de mes réserves. Ma vitalité continuait à diminuer, alors qu’elle était déjà bien entamée au bout de six ans où mon corps avait connu pratiquement l’impotence, les douleurs, les insomnies, les problèmes neurologiques, cardiaques, articulaires, digestifs, au point de me sentir comme une grand-mère, sachant que bien des grands-mères étaient en meilleure forme que moi et que j’en enviais plus d’une dans la rue !

 

 

Au cœur de l’impuissance

 

J’ai rencontré le désarroi, la honte, la solitude, l’impuissance, le désespoir, le sentiment de monstruosité et une quasi totale absence d’empathie, tant de mon entourage -rare- que de la part du corps médical. La souffrance et la maladie réveillent chez les autres des réflexes liés à leurs propres peurs, et ces peurs ont une stratégie assez simple : mettre tout cela à distance, pour ne pas imaginer que cela pourrait arriver à soi-même. Et comme peu d’entre nous ont été au cœur de leur souffrance originelle, il est alors difficile d’accueillir celle de quelqu’un d’autre, sous peine d’être en résonnance avec notre propre nœud de souffrance, gardé bien profondément dans une crypte inaccessible[1].

De plus, il faut bien l’avouer, nous sommes tous assez mal équipés pour l’empathie authentique [2], et lorsque nous avons quelques velléités à ce sujet, nos tentatives sont assez désastreuses, nous confondons empathie et prise de pouvoir.

Donc le meilleur moyen que trouve l’entourage d’une personne malade, est de lui donner l’injonction de redevenir « normale » le plus vite possible pour rétablir leur propre sécurité, et si vous n’obtempérez pas, vous êtes la preuve vivante d’un dysfonctionnement dont vous êtes seule responsable, pour plein de mauvaises raisons : vous ne voulez pas guérir, vous ne voulez pas sortir de l’enfermement de votre souffrance, vous ne bougez pas assez, vous avez des cuirasses qui empêchent toute relation, vous avez quelque chose à comprendre, vous vous écoutez trop, vous n’avez qu’à moins y penser et peut-être même penser un peu plus aux autres, bref, vous devriez être à un endroit ou à plein d’autres endroits sauf celui où vous êtes en réalité… Violence suprême !

 

J’ai aussi rencontré la mort, ou du moins cette sensation imminente qui fait entrer dans cet espace où l’on sait que tout peut basculer en quelque secondes, car le corps clignote de partout et envoie des messages qu’on ne peut décoder mais dont on sait mesurer l’urgence et l’intensité. Les nuits en bradycardie à huit de tension, où je sens le corps filer entre les mailles des minutes, ou à l’inverse, une nuit avec dix-huit de tension et cent quarante de pulsations cardiaques, le cerveau qui mouline dans le vide, en perdition en attendant S.O.S. Médecin qui met plus d’une heure à arriver... En six années, j’ai eu l’opportunité d’expérimenter divers états, difficilement partageables, et j’ai eu besoin de temps pour valider tous mes ressentis, tant ces messages du corps étaient parfois indéchiffrables, intenses, mais sans qu’il y ait un lien avec le mental ou une émotion pour parvenir à y mettre du sens ou y apporter une réponse adéquate. Par exemple, à plusieurs reprises, j’ai eu ce sentiment que j’étais en danger, que mon corps pouvait lâcher d’un instant à l’autre, et qu’il aurait fallu que je demande de l’aide ; quelque chose à l’intérieur me le disait, mais je ne pouvais rien valider réellement, je n’appelais pas le médecin et si j’en parlais à la personne la plus proche de moi, je n’avais pas du tout la sensation qu’elle mesurait ce que j’avais traversé et je n’étais jamais rejointe, comme si ce que je vivais était quelque chose d’anecdotique, un fait divers qui ne méritait même pas d'être accueilli par une parole compassitante, une main posée sur l'épaule ou d'être -situation la plus improbable qui soit- prise dans les bras. Dans les moment de douleurs extrêmes, alors que j'étais en sanglots débordée par cette souffrance, j'avais droit à un "tu n'as qu'à prendre du doliprane", et rien de mieux au niveau relationnel...

 

C’est dans ces moments-là que j’ai commencé à comprendre que dans mon enfance j’avais dû connaître ces états extrêmes, sans que personne ne s’en soucie, ou sans qu’un adulte, par sa propre inquiétude et par une action appropriée, donne une limite à la souffrance ou à l’angoisse de mort en les accueillant par sa présence.

Combien de nuits, chez ces nourrices, combien de nuits, dans cette pouponnière à Grenoble, où mon sort ne valait peut-être pas grand-chose, où probablement pleurer, hurler, souffrir, se laisser mourir, n’avait pas d’importance et laissait des adultes non concernés ou non réceptifs dans l’indifférence ?

 

René Spitz, psychanalyste des années 50, a très bien étudié la condition infantile et le syndrome d’hospitalisme chez les enfants séparés précocement de leur mère. Les enfants recevant des soins mais privés de lien affectif développent des troubles physiologiques et du comportement, allant jusqu’à une phase de retrait et du refus de contact.[3]

 

 

Soutenir mon corps

 

Heureusement mon parcours thérapeutique m’a fait rencontrer quelques personnes qui ont pu valider, par leur écoute, par leurs propres ressentis, et parfois les plus subtils, ce que je traversais réellement, et ainsi me permettre de valider mes perceptions. J’avais l’impression de mourir, d’être un sceau percé qui perdait toute sa substance et malgré mes descriptions, personne ne m’entendait ou ne me prenait au sérieux[4]. Dans les deux premières années, lors de soins énergétiques, je reçus deux informations qui se confirmaient mutuellement bien que venant de personnes différentes. « Si je continuais comme ça, je quittais mon corps ». Je me rappelle que loin de paniquer, cela avait aligné quelque chose en moi. Je pouvais enfin avoir une mesure, un étalonnage de ce que je ressentais. La confirmation et le réel sont assurément moins angoissants que la confusion.

Ensuite, une autre phrase, qui reprenait d’ailleurs exactement ce que je me disais intérieurement, à savoir que mon corps, énergétiquement « ressemblait à une femme de 90 ans » et qu’il vibrait « comme les personnes qui sont en fin de vie ».

 

A partir de ce moment, je n’ai bien sûr jamais abandonné l’idée de « comprendre », ou de « guérir », ou de trouver « le » remède qui m’améliorerait, mais, consciente que j’étais dans un processus dont j’ignorais l’ampleur et la durée, j’ai axé mes soins pour soutenir ce corps, rien que ce corps, afin que, en attendant la possible fin du tunnel, je puisse garder la tête hors de l’eau et ne pas sombrer. Shiatsu, drainage lymphatique, soins énergétiques étaient ma base, sans perdre mon parcours spirituel chamanique. Et entre ces deux pôles, matière – esprit, le quotidien, avec ses descentes aux enfers, l’épuisement, la perte totale de repères, l’absence de soutien, ce questionnement lancinant de « comment tenir », « comment s’en sortir », sans rien pouvoir extraire de la chape de plomb qui semblait moulée autour de moi.

 

 

L’expérience du doute

 

A quoi, à qui se raccrocher, je ne le savais pas. Je n’étais plus portée par rien, et en tous cas rien de ce qui avant me portait. Tout s'était effondré. J’aurais aimé pouvoir lire cette phrase dans ces moments là : « Tiens ton souffle en enfer et ne désespère pas ». [5]

Je ne savais plus rien faire avec mon corps, tout devenait difficile et je n’arrivais plus à tirer un seul bénéfice de mon parcours et de tout ce que j’avais appris. C’est comme si j’avais été dépossédée de toutes mes capacités. J’étais dans un autre espace-temps. Au point de douter de mon parcours et de me dire : « tout ça pour ça » !

Trente années de cheminement pour en arriver là… quel désastre… Le jugement qui m’assaillait était impitoyable. J’avais dû faire fausse route. Loupé quelque chose. La maladie devenait la preuve tangible de cette erreur d’aiguillage.

 

Mais si plutôt, au lieu d’être un échec, j’avais osé penser que cette maladie arrivait à point nommé, parce que j’avais suffisamment exploré mon histoire, suffisamment retrouvé le chemin des émotions, la connexion à moi-même et à mon âme, et que j’étais prête à aller encore plus loin, à aller vers plus de liberté et de conscience ? Je sortais d’une longue relation, prête à prendre mon envol. Et je me suis retrouvée clouée au sol, les ailes brisées.

Quelqu’un me dira : « on donne des leçons difficiles aux bons élèves ». Soit ! Cela redorait un peu mon ego bien mal en point, moi qui ne pouvais plus prétendre à grand-chose, et en même temps cela me confortait dans l’idée que j’étais sur ma voie, même si le chemin semblait brouillé et la destination inconnue.

 

Mais avant de pouvoir vraiment imaginer que cette expérience n’était pas un échec, il m’a fallu du temps et du cheminement supplémentaire. Car au plus vif de l’expérience, submergée par les symptômes et la souffrance, confrontée à ceux dont l’ego se déployait implacablement dans le « faire » et le « je sais », dont la toute-puissance n’avait pas encore été entamée et qui me renvoyaient que, eux, n’avaient pas chuté, je me sentais assez pitoyable. Je percevais à quel point être malade était perçu comme une infériorité qui confortait bien des personnes dans leur sentiment de supériorité ou dans leurs certitudes. Je n’avais plus de prise sur rien ni personne et il me restait peu de choses auxquelles me raccrocher.

 

 

Lent retour à soi

 

Il me restait néanmoins l’attention et la présence à moi-même, dans de rares moments mais de façon continue, car lorsque la souffrance était trop intense, je n’avais plus un millimètre de distance et je me retrouvais complètement identifiée à ce qui me traversait, pendant des heures ou des jours, jusqu’à ce que la souffrance s’amenuise et alors je pouvais repenser normalement, croire que quelque chose pouvait s’ouvrir à nouveau et que ma vie reprenait son cours « normal ». Plusieurs fois la confiance m’a lâchée et profondément j’ai voulu abandonner la lutte. Si chaque matin je me levais en réaffirmant mon désir de vivre, il m’est arrivé de demander à ce que cela finisse, que je sois « rappelée » dans le grand tout, débranchée définitivement. La vie n’avait plus aucun sens dans ces jours qui se ressemblaient tous et dans lesquels je ne faisais que survivre dans un épuisement indescriptible.

 

Pourtant, très profondément en moi, de façon très ténue, je sentais quelque chose, comme un sillon qui ne lâchait pas et savait où il allait. Une charrue invisible continuait à creuser ma terre. Moi j’étais perdue, détruite, terrassée, déconstruite, mais quelque chose m’informait que ce n’était pas une défaite, pas une fatalité, que c’était un processus et que probablement la Vie savait où elle allait. C’était à peine audible et cela ne ressemblait pas à de l’espoir, mais à une intelligence qui connaissait la direction et qui veillait à mes côtés.

 

Malgré cela, même si je comprenais que c’était un processus, je comprenais aussi que je pouvais en mourir sans avoir eu le temps de trouver la sortie ou la paix intérieure. Les nuits où j’ai cru que je pouvais partir, où je pensais désespérément que je n’avais pas eu le temps de m’accomplir, pas plus que je n’avais eu le temps de faire un testament (cela me paraissait tout à coup inconcevable de laisser ainsi tous mes objets, sans pouvoir les confier avec tendresse aux plus proches !), ce n’est pas la peur qui m’enlaçait, mais un sentiment d’urgence, d’inaccompli, cherchant à comprendre à quoi, à qui mes jours avaient servi jusqu’ici. Alors montait le constat effrayant que je n’étais pas « prête » à mourir. Pas prête dans le sens, « pas d’accord », mais en plus et surtout, pas « préparée » à lâcher et à être en paix avec le chemin qui aurait pu être le mien jusqu’à cette dernière heure. Et en même temps, j’avais le sentiment que je n’arrêtais pas de mourir depuis six ans, que des pans entiers de mon édifice sombraient, que j’étais rabotée de partout dans mes structures, que j’étais épurée par un feu qui consumait l’ancien et l’inutile.

 

J’ai appris de mon guide spirituel que c’est au cœur de l’impuissance que le sacré fait son nid. J’y étais. A genoux, pleurant toutes mes pertes, ne sachant quelle grâce demander. 

 

Qu’est-ce donc qui m’a tenue « en vie » ? Je me suis interrogée en permanence sur ce qui tenait en vie l’humanité dans ses plus grands défis. Je n’avais pas de réponse. Quand j’étais au bout de mes limites, je disais juste : comment ont-ils fait ?

La pensée de Christiane Singer dont j’admire tant l’écriture et le parcours, ne m’a pas lâchée pendant tout ce temps. Emue par son dernier livre « Derniers fragments d’un long voyage », je restais comme sidérée par sa fin. Je pensais : si elle, elle est partie, que puis-je, moi, face à ce qui me traverse ? C’était une grande leçon d’humilité d’acquiescer aux destins de chacun.

 

Mes intentions, ma « volonté », ma détermination, me semblaient bien peu de chose face à ce qui m’anéantissait. Je ne me sentais aucun pouvoir. Même si l’on entend à l’envie que nous sommes co-créateurs, que nous avons un pouvoir illimité, là où j’étais, j’avais du mal à le mesurer et je n’étais pas très sûre d’y contribuer beaucoup !

 

J’avais l’impression d’avancer connectée à des niveaux différents. D’un côté ma force intérieure qui ne voulait pas faiblir, portée par mes élans de gratitude devant la beauté, offerte par l’éphémère dont je me nourrissais ; d’un autre côté, un sentiment d’impuissance totale devant le mystère de la vie et de la mort, devant tout ce qui m’était retiré, devant les forces qui tout à coup se réveillent et vous assaillent. J’étais consciente d’être prise entre ma part illimitée, liée au divin, à la conscience éternelle, et la part la plus limitée en moi, liée à ma personnalité, à mon humanité, à ma chair, à mon corps si difficilement « contrôlable » et réparable !

 

Je sentais en moi, réellement, ou du moins je voyais très clairement, cet élan de vie, ces projets qui attendaient d’éclore, cette pulsion qui cherchait à retrouver son feu, je voyais se dérouler tous les possibles, ils étaient presque au bout de mes doigts, mais de l’autre côté d’une frontière et tout restait impossible. J’étais le témoin de mon impuissance, d’une force plus forte que mon propre désir. Une chape de plomb me recouvrait, je n’arrivais pas à passer au travers et aucune pensée ne pouvait se concrétiser pour des choses parfois très simples et ordinaires. Je n’avais même pas la force de me débattre, j’avais juste envie d’hurler d’être comme emmurée vivante.

 

 

La rencontre des mémoires

 

Comment expliquer six années de souffrance et de descente aux enfers ? Par un manque d’intelligence, de conscience, d’envie de vivre, de volonté à guérir ? Ce serait tellement rassurant pour la plupart des gens ! Ainsi chacun pourrait se sentir protégé de ce qui peut arriver du jour au lendemain, la maladie comme la mort et surtout la souffrance intolérable issue du passé.

Si la maladie était la signature d’un manque de conscience, comment expliquer que tant de personnes très avancées sur le chemin, tant de saints, de religieuses, de gurus, y soient confrontés ?! La maladie reste aujourd’hui stigmatisée comme une expérience qui arrive à des gens qui « ne sont pas dans le bon chemin », « qui ont quelque chose à comprendre », « qui ne sont pas dans la lumière », « qui paye leur manque d’hygiène de vie », …bref, j’ai entendu tant d’inepties à ce propos qui pourraient faire sourire par leur naïveté et leur assurance péremptoire, mais lorsqu’on est au cœur de la tourmente, cela ne fait pas rire du tout. Ce qui est sûr, c’est que la seule chose qu’il y a à comprendre, c’est qu’il y a quelque chose à guérir. Et qu’on ne peut guérir avec des mots et des méthodes utilisant les mêmes maltraitances subies par le passé.

Chaque être rencontre un jour ses limites. Ou pas. Les illusions sont nombreuses et nous sommes tellement limités que seule l’humilité devrait être notre guide en toute circonstance. Il serait tellement préférable de dire « je ne sais pas ». Car ceux que j’ai rencontrés et qui disaient savoir, parlaient de quelque chose dont ils ne faisaient pas l’expérience. Tout comme je pouvais le faire moi-même il y a quelques années, avant cette traversée. Or, c’est l’expérience, seulement la traversée de l’expérience, qui permet de parler de ce qui nous a traversés…

 

Dans le processus qui était le mien, rien de la conscience ou du ressenti n’avait disparu. Au contraire, avec le temps, l’un et l’autre augmentaient et allaient à la rencontre de cette mémoire cellulaire qui suintait de partout et qu’il fallait accueillir. Aucun claquement de doigt, aucun vouloir ne pouvait me faire sortir de ce qui me rendait malade. Nous abordons ce type d’étape avec tous les voiles et les refoulements laissés par le passé, tant le passé de l’enfance, que le passé transgénérationnel, voire karmique.

 

Pour ma part, la force de cette mémoire était tellement puissante, tellement mortifère que rien de ce que j’avais appris, mes croyances, mes savoirs, mes trente années de « développement personnel » n’était en mesure de « comprendre », pas plus que « d’accueillir » ce qui se présentait si soudainement et si intensément dans ma vie.

Et je le répète, aucune « volonté » n’a d’action sur ce processus. La volonté ne maîtrise rien. Vouloir n’est pas pouvoir. Au mieux pouvais-je garder au plus près de moi, au plus intime de mon être, une intention : celle de guérir et de m’en sortir vivante. Et là, je n’étais sûre de rien, car la force de ce qui me traversait me dépassait.

 

C’était comme un fleuve en crue. Si les humains n’ont pas prévu de barrage ou si le barrage cède sous l’intensité des flots, ou si la nature n’oppose pas de résistance matérielle à ce flux, alors cette eau va tout envahir, va tout inonder. Il faudra des efforts et du temps pour écoper, pour nettoyer l’espace embourbé par ce que l’eau a drainé avec elle, pour assécher, trier, réordonner l’espace abîmé par l’inondation et le bourbier dévastateur.

 

C’est ainsi qu’était arrivé et avait fait irruption mon passé, passé lointain des premiers jours, premiers mois, premières années où aucune parole n’est encore présente pour se raconter ce qui se passe, aucune logique pour expliquer l’abandon, l’oubli, l’absence de lien, le déracinement.

Pas de mot. Seulement la mise en abîme. Seulement le corps qui sait, sent et « pense » par ses cellules, en absorbant chaque ressenti engrammé, en attente d’être -un jour peut-être- décodé dans un improbable futur. [6]

Ce qui ne peut se penser, se parler, s’inscrit avec force, en apparence invisible dans un premier temps. Mais tout est intact, laissé en dépôt dans la matière de notre corps.

La force avec laquelle va s’exprimer cette mémoire est proportionnelle à l’intensité du traumatisme et en relation avec les conditions stressantes de l’environnement présent. Ces conditions sont en effet permissives pour que le corps et l’inconscient perçoivent la similitude entre la situation présente et la situation passée. Cela peut être du harcèlement au travail, de la violence, la maladie, un deuil…, la vie va nous mettre en situation de ré-éprouver ce qui était enkysté et que nous serons amenés à recycler, comme des déchets qu’il faut transformer, traiter pour assainir un lieu.

 

Il a donc suffi d’une situation particulière, en l’occurrence extrême pour moi comme la maladie de Lyme pour être replongée dans la vulnérabilité, la douleur (non comprise, exactement comme ça arrive quand des bébés pleurent et qu’aucun adulte ne sait apporter de réponse adéquate), la faiblesse, la fatigue, la perte de repère, l’impuissance totale tant physique que psychique, toutes ces conditions qui font que l’on devient une « proie » idéale et si facile pour d’autres personnes qui vont s’engouffrer dans cette faille et y projeter toutes leurs croyances, toutes leurs réactions, tout leur mal-être avec une intensité qui ne s’exprimerait pas ainsi en d’autres circonstances.

 

Ainsi la blessure d’un autre, ses failles, vont pouvoir jouer à l’identique le comportement du parent avec lequel nous étions en lien dans le passé et qui nous a blessé. C’est tout le problème de la dépendance qui refait surface. Un adulte limite (normalement) ses actions maltraitantes vis-à-vis d’un autre adulte, mais beaucoup moins vis-à-vis d’un enfant qui ne peut pas évaluer ce qui se passe, ni réagir ou fuir. La dépendance est la source de la plupart des maltraitances : humain/animal, homme/femme, adulte/enfant, professeur/élève, chef/subalterne, c’est-à-dire chaque fois qu’il existe une domination et un abus de pouvoir dont on ne peut s’extraire facilement. Dans certaines situations, nos défenses sont amoindries, permettant cette domination et d’être littéralement vampirisé par le système de l’autre.

 

 

Système immunitaire et intégrité

 

Ici, dans cette maladie, c’est tout mon système immunitaire qui faisait défaut, entre autres désordres physiologiques, puisque le système nerveux était aussi gravement atteint, j’étais parasitée jusqu’au cœur de mes cellules, de mon cerveau.

Système immunitaire sensé faire le tri entre le soi et le non-soi…

A quel moment, mieux que la petite enfance, cette frontière est au plus bas, presque abolie, notre « soi » étant dilué dans le « soi » de notre mère, notre corps éthérique recevant et se construisant à partir du corps éthérique de notre mère, notre corps et notre psyché n’étant pas encore dissociés de ceux de notre mère ? Rappelons que le système immunitaire met sept ans pour se construire, donc que nous sommes totalement immatures dans les premières années de la vie et que nous apprenons lentement à nous différencier.

Si tout se passe « bien » ou « au mieux », nous allons nous dissocier, à condition d’être en sécurité, d’avoir un territoire et de pouvoir passer par l’étape du « non » sans se faire détruire psychiquement. Le stade du non dans lequel l'enfant apprend à s'obstiner apparaît aux environs du quinzième mois. [7] 

Sans sécurité, sans territoire, le « non » devient évidemment difficile et l’enfant reste coincé dans une inhibition mortifère.

 

Rappelons aussi que selon les expériences d’Henri Laborit sur le stress et l’observation des trois attitudes possibles face à un stress, (attaque, fuite, inhibition), seule l’inhibition génère des conséquences psychosomatiques. [8]

 

Ainsi la maladie se configurait pour moi comme un lieu de régression vers l’enfance où je retraversais les conditions de vie qui avaient été si mortifères pour moi, sans adéquation avec mes besoins élémentaires et mon être profond.

 

 

Les jeux de rôle

 

Dans cette hypersensibilité ravivée par la maladie, tout s’engouffrait de façon exacerbée et la connaissance cellulaire du passé, ainsi que le discernement et la connaissance de moi-même acquis par mon cheminement, permettaient de déceler les non-dits, l’implicite, le déni, les incohérences, tout ce qui avait constitué mon observation aigue mais passive dans mes premières années de vie. J’ai commencé à capter et surtout à vivre des choses, des situations, des comportements, qui me mettaient en grande souffrance, touchaient mon intégrité et manifestement je me retrouvais dans l’impossibilité d’être accueillie. Bien sûr, je me disais que c’était moi le problème, c’est moi « qui clochais ». Je n’étais pas « adaptée », il fallait « que je comprenne quelque chose » (puisqu’on n’arrêtait pas de me le répéter !!), que « j’améliore quelque chose », toutes ces choses que l’enfant se dit face à un parent qui exige de lui des choses contre sa nature profonde et qui utilise l’enfant pour répondre à son propre manque d’assurance et à ses besoins insatisfaits.

 

Ainsi dans cette nouvelle relation amoureuse, désir, amour, présence, partage, lien, je fus laissée à la porte de tout ce qui pouvait nourrir une relation.

J’étais ramenée à ce que ma mère, par une coupure profonde avec elle-même, n’avait pas pu me donner.

L’impossibilité d’avoir la plus petite place dans l’intimité de l’autre, l’ambivalence, la non reconnaissance, la parole méprisante et cassante, la mauvaise foi, l’humiliation, le rejet de mon corps, les jeux de pouvoir, la manipulation, tout se rejouait de façon plus ou moins subtile, explicite ou implicite, à travers mon impuissance et mes symptômes qui grandissaient au fur et à mesure que le manque d’empathie et de présence se révélait comme une coupure sans fond où je ne pouvais être ni vue ni accueillie pour qui j’étais vraiment.

Au fur et à mesure, je captais qu’un problème structurel, profond, empêchait tout lien, cela n’ayant éventuellement rien à voir avec le sentiment amoureux, même si de fait il ne pouvait se révéler et être offert, et que cela avait à voir avec les blessures du passé.

J’étais incapable de voir la corrélation entre mes symptômes, que je mettais exclusivement sur le compte de ma précédente séparation, et cette relation actuelle, et aussi que malgré le fait que je reprenais pied dans la vie, que je m’occupais bien de moi, la maladie s’installait dans la chronicité, que ma vitalité diminuait de mois en mois, que je continuais à prendre du poids, et à gonfler (préférentiellement en présence des autres), et que mon estime de moi n’était plus qu’une peau de chagrin. Aujourd’hui, je peux imaginer que plus je réprimais ce que je sentais et qui ne me convenait pas, plus mon corps dépérissait, comme l’enfant qui est condamné à faire mourir en lui son Soi profond, pour continuer à plaire à ses parents et ne pas déranger. [9]

 

« Mieux nous connaissons l’histoire de notre vie, mieux nous pouvons détecter les manipulations, d’où qu’elles viennent. C’est notre enfance qui, si souvent nous en empêche. C’est notre vieux rêve, jamais complétement vécu, d’avoir des parents bons, loyaux, intelligents, conscients et courageux, qui peut nous entraîner à ne pas voir la mauvaise foi ou l’inconscience (…). Lorsque l’illusion répond si bien à nos besoins et notre détresse, il faut plus longtemps pour ouvrir les yeux. » Alice Miller, Le drame de l’enfant doué.

La manipulation concerne ici toutes les stratégies mises en place pour s’accaparer l’autre et le rendre disponible pour nous.

 

Ainsi je restais en partie aveuglée, le plus souvent en état de confusion et écartelée entre des informations paradoxales.

D’un côté, j’étais témoin de comportements me laissant croire que l’autre était engagé, alors que la personne qui était vraiment disponible et demandeuse dans la relation, c’était surtout moi (d’ailleurs trop et pathologiquement disponible au vu de tout l’espace que la maladie prenait, me coupant de l’expression de mes besoins personnels et me laissant, comme l’enfant d’autrefois, dans le seul positionnement que permet la dépendance : être totalement disponible aux besoins et à l’emploi du temps de l’autre, pour obtenir quelques miettes d’amour) ; et parallèlement mon corps captait tous les signes d’ambivalence exprimés corporellement par l’autre (car pratiquement rien ne s’exprimait par les mots), signes manifestés avec force et constance, entretenant ma souffrance et un sentiment de folie.

Je vivais de plus en plus en situation de double contrainte. Plus je donnais, moins je recevais. Et plus je commençais à me positionner et donc à moins répondre inconditionnellement aux besoins inconscients de l’autre, à me rebeller, à ne pas accepter d'être délaissée et non respectée, plus l’autre s'enfermait dans la fuite et le désengagement.

Le corps de l’autre se fermait devant moi, alors que je voyais comme il s’ouvrait systématiquement devant d’autres femmes, je voyais comment générosité, patience, efforts, étaient offerts sans limite à l’extérieur, quand moi je n’avais droit qu’à intolérance, impatience, mesquinerie et mépris pour ma vulnérabilité.

 

La maladie m’avait fait me retrouver « toute petite ». Par la loi de résonnance, quoi de plus efficace pour rencontrer des personnes, des situations, des comportements qui allaient faire écho à la façon dont j’avais été traitée quand j’étais « toute petite » ?

 

 

Sortir du désamour

 

 

 

Mais jusqu’où peut-on continuer à protéger les autres, subir leurs blessures qui nous blessent et leurs systèmes maltraitants voire pervers[10], de peur que notre propre vérité soit blessante pour eux en leur révélant leurs limites ? Jusqu’où peut-on rester dans le désamour ? Jusqu’où peut-on nier ses besoins et son être ? Jusqu’où peut-on rester dans l’illusion ? Jusqu'où peut-on manquer de courage? [11]

Il arrive un temps où, après avoir exprimé ses besoins et n’avoir pas eu de réponse, ce n’est plus possible. La vérité intérieure demande grâce, quel qu’en soit le prix à payer. C’est en sortant de cette loyauté invisible que l’on met fin à la toxicité du passé et que l’on peut guérir. « Chacun doit payer le prix de son désir » dit le psychanalyste Willy Barral. La satisfaction des besoins doit repasser par soi-même.

 

La loyauté m’avait tenue dans une méconnaissance de moi-même et fait croire que j’étais la source du problème, qu’il y avait quelque chose à changer en moi et qu’en acceptant toujours plus les exigences et la mauvaise foi d’autrui je serais peut-être plus aimable et finalement aimée. La loyauté me maintenait dans la confusion, incapable de me dissocier du système toxique qui m’avait servi de référence, et elle me privait à la fois du discernement et des ressources nécessaires pour sortir du système. Ce qu'il y avait à changer, par contre, c'était toute l'organisation de ma vie et la redéfinir par rapport à mes propres sensations et besoins.

 

A force d’écoute de moi-même, à force de valider à nouveau tous mes ressentis internes et mes émotions, de donner la priorité à ce que mon corps exprimait et non pas à ce que l’extérieur semblait attendre de moi, la vérité se faisait jour petit à petit et remontait comme des cailloux enfouis sous une terre de plus en plus meuble. L’évidence du non-accueil que je vivais, enflait proportionnellement à mon corps qui gonflait à chaque effondrement de la présence de l’autre.

 

Cette priorité redonnée au ressenti, s’est étendue jusqu’à l’intuition, mes antennes se sont dressées. Il était temps, étant donné que plusieurs personnes avaient déjà vu et pressenti depuis plusieurs mois ce que je serais contrainte de vivre et de voir de mes propres yeux, dans l’humiliation.

J'avais posé une question. J'avais demandé à l'autre de me dire où il en était dans cette relation. Au bout d'un mois, malgré relances et perches tendues, rien que du silence et visage de dégoût lorsque je m'approchais.

Mes antennes me dirent que j’étais à nouveau en danger, que l’autre, dans ses systèmes de fuite, s’était investi ailleurs. Déni en surface et pourtant j’ai eu, profondément, la conviction que quelque chose se passait. Le ciel était tout à coup chargé d’une énergie nouvelle qui m’alertait. Comme l’enfant sait intuitivement les éloignements et les trahisons de sa mère et comprend que les raisons qu’on lui donne ne sont jamais les vraies, je savais avec acuité que quelque chose se créait, ailleurs, et que j’étais soustraite à la vérité, tenue dans le secret d’un processus psychique dont la finalité était l’abandon et ma mise à l’écart.

 

Quand j’ai senti cela, coupant l’espace devant moi de haut en bas, une épée s’est levée. En même temps qu’une colère indescriptible.

 

Quand l’épée s’est levée, ai-je moi-même armé mon bras ou bien mon bras était-il armé par une force plus grande que moi ? Peut-être était-ce la Vie qui réclamait en moi, qui exigeait son dû et demandait à retrouver impérativement de l’espace dans un système devenu tellement mortifère.

 

La force qui m’a traversée m’a parue phénoménale, à la hauteur probablement de la force antagoniste qui était entrain de m’engloutir et de me faire mourir. J’étais engluée dans un enfer indescriptible, intraduisible et quelque chose en moi s’est levé et a dit : stop !

 

Dans les heures qui ont suivi, une phrase est tombée : « tu es libre et guérie ».

 

Ensuite, c'est moi qui ai dit à l'autre personne, puisque tu n'as rien à me dire, alors je n'ai plus rien à te dire. La sentence était brutale, à la hauteur  des portes fermées depuis des années et à la hauteur de ce que je m'étais laisser infliger.

 

Le prix à payer a été de même nature que lorsque par le passé je tentais de dire non à ma mère et que je me retrouvais dans un système de vengeance et de punition. Je payais généralement chèrement mes tentatives de liberté ou d’autonomie, et ma mère me faisait tout de suite clairement comprendre que je n’étais plus « sa fille » et qu’elle me préférait quelqu’un d’autre, une cousine généralement, sur qui elle déversait ses générosités, ses cadeaux et son attention.

 

Dans ce que l'autre manifestait, clairement il me signifiait qu'il avait déjà mis fin à la relation et toute la subtilité du système pervers consiste à faire porter à l'autre sa propre réalité, pour ne jamais en prendre la responsabilité. Ainsi c'est moi qui me faisais larguer, mais c'est moi qui mettais en action ce qui était rendu implicite... Ainsi après cette limite posée par moi qui mettait fin à la relation, j’ai été « remplacée » en moins d’une semaine. En me rendant à une conférence dont nous avions parlé quelques semaines plus tôt, mon intuition m'a avertie de ce que j'allais y trouver, à savoir cet homme tendrement enlacé dans les bras d'une autre. J'ai ainsi pu constater par moi-même l'inélégance de cette fin de relation et que, là encore, le corps sait bien avant nos résistances psychiques ce qui se joue dans nos vies.

 

J’ai aussi « payé » financièrement la fin de cette relation, par une dette qui ne m’a pas été entièrement remboursée. Et j'ai eu de la "chance"..., j'ai failli devoir aussi payer des services qui m'avaient été rendus pendant le temps de la relation, comme le transport de cartons de déménagement ! J'ai manqué de répartie et d'humour (ça manque un peu l'humour dans ces moments là...), pour envoyer ma facture avec tous les repas préparés, les heures de ménages et vaisselle, les heures de "psy" à écouter ses problèmes, et la liste des objets laissés gracieusement, alors que moi il ne me reste aucun des cadeaux offerts pendant cette relation.

Finalement…, ce marchandage ne faisait écho à rien d'autre que des pratiques qui étaient courantes dans mon système familial et dont je pouvais voir ici la matérialisation, la cristallisation, en conscience, et surtout retrouver le chemin émotionnel que cela réveillait, à savoir des colères noires et destructrices. Ces colères, vécues intérieurement, m’ont traversée pendant des jours et des jours, de façon si intensive que je me croyais capable de faire du mal à autrui et surtout à moi-même. Un massacre avait lieu à l’intérieur de moi. J'entrais en contact avec tout ce qui m'avait massacré depuis l'enfance. J’avais l’impression d’être assise sur une bombe, dont la charge s’échappait et dont je n’avais plus le contrôle.

Mais une partie de cette colère me tenait debout et m’avait rendu ma dignité, mon intégrité, en mettant fin au mensonge et au déni.

 

 

La guérison

 

La « magie » du processus traversé, bien que très douloureux et traumatisant, c’est que du jour au lendemain je pouvais à nouveau marcher normalement, porter des choses lourdes sans ne plus être accablée, me baisser et me relever facilement, je retrouvais ma force, mon élan de vie, les rues de la ville s’ouvraient à nouveau devant moi, moi qui était restée confinée pendant six ans dans un espace très restreint et je prenais plaisir à rentrer à pieds de mes rendez-vous.

Mon corps reprenait ses droits, sortait ses « poubelles », faisait le ménage. Un kyste asymptomatique depuis des années s’est enflammé d’un coup, au point de devenir aussi gros qu’un œuf. Mes traitements naturels n’en venaient pas à bout, et après la visite chez le dermatologue et une crème antibiotique, du pus épais s’est écoulé pendant au moins trois semaines.

 

Littéralement « écœurée », au sens propre, par cette fin de relation, j’avais la nausée tous les jours et mon corps s’est mis à jeûner, probablement pour digérer des choses plus importantes et plus subtiles que de la nourriture solide. En un mois, j’avais perdu dix kilos, retrouvé un visage, je n’avais plus d’œdèmes, je ne m’effondrais plus au moindre effort, ma peau qui était devenue craquelée comme celle d’un alligator, était redevenue fine et douce, mon regard opaque était redevenu brillant et ma voix s’était raffermie et posée. Une transformation que les personnes qui m’avaient vue un mois avant ne manquaient pas de me faire remarquer, comme deux de mes thérapeutes qui constataient que c’était « le jour et la nuit » et que j’avais été capable d’accomplir une véritable « révolution ». Pour la première fois, je n’avais pas vraiment besoin de validation, tellement l’évidence était vécue intensément dans mon corps et que je sentais cette renaissance inconditionnellement.

 

J’étais presque « comme avant », dans le sens où je retrouvais quelque chose que j’avais totalement perdu au moment de la maladie, et bien sûr, je n’étais plus la même, transformée par l’épreuve et une liberté intérieure qui était en germe et qui n’attend plus qu’à se déployer.

 

Pour autant, tout n’est pas résolu dans ma vie. Une enfance confisquée, avec des besoins niés au plus profond, laisse des traces. Il me reste donc à conquérir mon présent et mon futur. La vie est puissante et fragile et nul ne sait quelle est la prochaine étape, la prochaine épreuve, puisque c’est le Vivant qui vient chercher en nous ce qui doit sans fin être transformé. Avec humour, je demande juste à l’univers une petite pause, qui m’apparait bien méritée… Je ne me sens à l’abri de rien. Juste attentive. Car six années de descente aux enfers laissent la mémoire d'un nouveau traumatisme à digérer, et elles ont abîmé le corps qui doit retrouver une vitalité gravement atteinte.

 

Sortir des mémoires du passé passe par « revivre sa souffrance », comme le dit Arthur Janov [12], pour aller enfin vers l’autonomie. Et « La véritable autonomie est précédée de la sensation de dépendance. La véritable libération ne se trouve qu’une fois dépassé le sentiment profondément ambivalent de la dépendance infantile. », dit Alice Miller.

 

 

Pourquoi l’expérience peut-elle avoir lieu, pourquoi ces mémoires peuvent-elles être réactivées de façon si intense ? C’est Danièle Flamenbaum, auteur du livre « Femme désirée, femme désirante », qui m’a mise sur cette piste de compréhension. Si quelque chose est réveillé dans une relation, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’amour. C’est au contraire parce qu’à un moment on touche cette sensation d’amour ou quelque chose qui y ressemble, et qu’en conséquence, nous sommes ramenés à la première histoire d’amour de notre vie, celle d’avec notre mère. Et si cette histoire s'est vécue dans le désamour, la relation amoureuse devient la scène où se rejoue ce désamour.

 

Pour retrouver le vrai chemin de l’amour, il faut retrouver le chemin vers soi-même et son Soi qui a été oublié en cours de route.

 

« C’est dans cet accès spontané, tout naturel, à ses sentiments et à ses désirs personnels que l’être humain puise sa force intérieure et son respect de lui-même. Il a le droit de vivre ses émotions, d’être triste, désespéré ou d’avoir besoin d’aide, sans trembler de perturber quelqu’un. Il a le droit d’avoir peur quand il se sent menacé, de se fâcher quand il ne peut satisfaire ses désirs. Il sait non seulement ce qu’il ne veut pas, mais aussi ce qu’il veut, et se permet de l’exprimer – que cela lui vaille d’être aimé ou détesté. »

 

Voilà quelle est la véritable invitation à la liberté, à laquelle nous sommes encore nombreux à être conviés, pour guérir et grandir.  

 

« Nous ne pouvons rien changer à notre passé, faire que les dommages qui nous ont été infligés dans notre enfance n’aient pas eu lieu. Mais nous pouvons nous changer, nous « réparer », regagner notre intégrité perdue. Pour cela, il faut nous décider à considérer de plus près le savoir que notre corps a emmagasiné sur les événements passés, et à le faire émerger à notre conscience. Cette voie est certes inconfortable, mais c’est la seule, semble-t-il, qui nous permette de sortir enfin de l’invisible prison de notre enfance et de nous transformer, d’inconsciente victime du passé, en un homme ou une femme responsable, qui connaît son histoire, et vit avec elle ». [13]

 

 

MT

 

 

 

Gratitude

 

Un chemin vécu dans la solitude ne veut pas dire que l’on n’a pas été accompagnée…

Je remercie toutes les personnes qui se sont trouvées sur ma route, celles qui m’aiment comme celles qui m’ont blessée, car toutes m’ont permis d’avancer sur le chemin de conscience.

Je remercie l’âme de P. pour avoir participé à ma guérison

Je remercie JC pour m’avoir montré le chemin du coeur

Je remercie Ch. mon amie, ma sœur de cœur

Je remercie mes thérapeutes, D., Ch., Ch., et leur bienveillance qui fut comme un baume

Je remercie M. mon guide spirituel, pour m’avoir permis de rester connectée au sacré

Je remercie les présences invisibles, le mystère de la vie et tout ce qui me dépasse,

Je remercie mes parents, qui m’ont donné la vie

Je remercie mon corps, son intelligence et sa force.

Je remercie la Terre qui m’a portée…

 

 

 

[1] Voir le livre de Boris Cyrulnik « Sauve –toi, la vie t’appelle », où l’on voit comment la souffrance peut rester inaccessible pendant des années ; il cite à ce propos l’ouvrage de Nicolas Abraham « L’écorce et le noyau » qui constitue « la meilleure théorisation psychanalytique de la notion de « crypte ».

 

[2] Nous sommes en fait équipés dès l’enfance pour l’empathie, mais notre mode éducatif, les maltraitances relationnelles, nous ont coupés de cette ressource naturelle.

 

[3] René. SPITZ l'avait démontré en étudiant le fonctionnement des pouponnières.

Dans une pouponnière modèle, il constate que les enfants privés de leur mère présentent une sensibilité accrue aux infections (37 % de mortalité) par rapport à ceux d'une maison maternelle qu'il suivait simultanément (aucun décès).

C'est ainsi qu'il regroupa un certain nombre de troubles graves, engendrés chez les nourrissons par un séjour prolongé en milieu hospitalier, sous le nom d'«hospitalisme».

Il constate en effet que malgré des soins attentifs, les enfants séparés de leur mère n'arrivent pas à se développer normalement. Leur croissance physique est ralentie, la résistance aux maladies diminue, le niveau intellectuel décroît, le langage reste rudimentaire, le balancement est presque toujours présent.

Ce dernier phénomène va de pair avec un important retard dans le domaine des relations sociales. Le balancement est consécutif à une carence affective ou à l'instabilité des relations existentielles avec les personnes de l'entourage.

Dans le syndrome de l'hospitalisme, l'enfant se fait parfois du mal (il cogne sa tête ou s'arrache des touffes de cheveux) et des troubles caractérielles s'installent : après les cris et les pleurs de désarroi et d'anxiété, la résignation s'installe avec l'apathie, le refus d'aliments et l'indifférence. Ces troubles sont d'autant plus accentués que la séparation survient précocement et qu'elle est durable. Pour R. SPITZ, après le cinquième mois de séparation, les troubles sont fixés irrémédiablement.

 

[4] « L’enfant a un besoin inné d’être pris au sérieux et considéré pour ce qu’il est. « Ce qu’il est » signifie : ses sentiments, ses sensations et leur expression, et ce dès le stade du nourrisson. Dans une atmosphère de respect et de tolérance pour les sentiments de l’enfant, celui-ci peut, à la phase de séparation, renoncer à la symbiose avec sa mère et accomplir ses premiers pas vers l’autonomie » ; Alice Miller, Le drame de l’enfant doué

 

[5] « Pour traverser les pires moments de la vie, que conseillait saint Silouane, l’un des plus grands spirituels de la tradition orthodoxe ? En tous cas pas de prier – comment prier quand on n’est plus en relation, quand dans son intériorité on n’a plus personne à qui s’adresser ?

Et là aussi, sa parole vaut pour tout être humain, quelle que soit sa croyance ou son incroyance – « Tiens ton souffle en enfer et ne désespère pas ! » : tu as le sentiment que plus rien ne tient ni ne te tiens, mais il reste ce souffle qui te traverse et te garde néanmoins en vie : concentre-toi sur ce souffle, inspire cet air qui te vient d’ailleurs et, en expirant, chasse ce qui t’encombre et t’étouffe ! Tu ne nies pas l’enfer où tu te trouves ; tu ne cultives pas la pensée désespérante que rien d’autre n’existe : tu mets toute ton attention sur ce souffle ténu mais têtu qui te parle encore de la vie.

Et c’est à travers ton corps que le souffle d’une Présence va te parvenir peu à peu à mesure que la paix t’envahira. », Lytta Bassest, Ce lien qui ne meurt jamais

 

[6] Nous avons recours à des mécanismes qui nous permettent de fuir la réalité lorsqu'elle est intolérable. Nous refoulons les informations nocives et nous les stockons, en attendant de pouvoir les traiter. Arthur JANOV cite une expérience menée dans un laboratoire pour illustrer ses propos sur le refoulement :

"(…) dans un laboratoire de biologie, une amibe, être unicellulaire, nage dans une boîte de Petri. Un chercheur ajoute quelques gouttes d'encre de Chine à l'eau du récipient. L'amibe absorbe le pigment et le conserve dans une vacuole. Puis il remplace l'eau polluée par de l'eau fraîche. L'amibe évacue alors les granulés d'encre, reprend son état normal (…)".

Plus loin, il revient sur cette expérience pour la comparer à notre fonctionnement d'humain:

"Le comportement de cet organisme unicellulaire microscopique si primitif est néanmoins révélateur et nous permet de mieux comprendre la névrose humaine, car il est, sous l'angle de l'évolution, le prototype du devenir humain. La manière dont l'amibe traite l'intrusion étrangère de l'encre de Chine est analogue à celle dont nous traitons nos traumatismes. Dans les deux cas, un agent de stress provoque dans l'organisme une mobilisation des défenses et modifie son fonctionnement normal. L'amibe enferme les granulés indésirables dans des vacuoles; nous refoulons l'information nocive et la stockons dans notre cerveau (…)". Arthur Janov, in Le Corps se souvient, p 18, p 26

 

[7] Le stade du « non » dénote l'acquisition d'une capacité d'abstraction, révélée par une faculté de jugement. Pour Spitz, le "non" est l'aboutissement d'un long processus de maturation somato-psychique qui ouvre la voie vers la communication humaine. https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Spitz

 

[8] Voir l’expérience très connue d’Henri Laborit sur « la cage d’inhibition », expérience menée avec des rats à qui l’on permet d’être soit dans l’attaque, la fuite ou l’inhibition : http://www.alasanteglobale.com/laborit.html

 

[9] « L’adaptation aux besoins parentaux conduit souvent au développement d’une « personnalité-comme-si » (…) L’enfant se conduit de manière à ne montrer que ce que l’on attend de lui (…) Son vrai Soi ne peut se développer et se différencier car il ne peut être vécu. (…) Il s’est effectivement produit un tarissement, un appauvrissement, un étouffement partiel de leurs possibilités. L’enfant a été blessé dans son intégrité, et cela l’a amputé de sa spontanéité, de son élan vital ». Alice Miller, in Le drame de l’enfant doué.

 

[10] Je redonne ici à ce terme son sens issu de l’étymologie latine : dans le sens de "changé en mal" mais aussi dans le sens de "dénaturé", du latin pervertere, renverser, retourner, mettre sens dessus dessous.

 

[11] Alice Miller rappelle que les enfants maltraités sont « sans la moindre compassion pour l’enfant qu’ils étaient, et ceci est d’autant plus frappant que ces patients montrent non seulement une faculté d’introspection peu commune, mais encore une assez grande capacité d’empathie ». Mais « ils ne prennent pas au sérieux leur destin des années d’enfance, n’en ont pas la moindre compréhension émotionnelle (…). Le drame originel a été si parfaitement intériorisé que l’illusion de la « bonne enfance » peut être sauvée ».

 

[12] Arthur Janov, Le corps se souvient, guérir en revivant sa souffrance

 

[13] Alice Miller, Le drame de l’enfant doué

 

 

 

 

Michèle Théron ©

Repost0
15 septembre 2015 2 15 /09 /septembre /2015 22:00
Je suis la dangereuse et la très douce - Jacqueline Kelen

 

 

 

Je suis la dangereuse et la très douce. Celle qui tourbillonne mais ne change jamais. Je suis la puissance et l’innocence, la tempête et l’embellie. Le printemps tenace et le sang sur la neige. L’amante aux gestes lents, aux yeux plein de lumière. Celle que l’on révère et celle que l’on brûle comme sorcière. La clémente et la très lointaine. Celle qui murmure des secrets.

 

Je bouscule tous vos plans d’un grand rire, j’éparpille vos lois, et en tremblant je vous offre une rose. Je suis la nostalgie au fond de votre cœur. Je vous attends depuis l’aube du monde, je veille sur chaque heure de votre sommeil. C’est mon sourire qui vous a portés jusqu’à ce jour et qui vous fait croire en la vie. Je suis votre destin, je fais tourner la roue.

 

Je suis la Femme. Une brise de rien du tout sur l’océan de vivre. Un grand tracas d’amour qui monte jusqu’aux étoiles.

 

 

 

Jacqueline Kelen, Les femmes éternelles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Repost0
14 septembre 2015 1 14 /09 /septembre /2015 21:24
Illustration Carl Gustav Jung - The Red Book

Illustration Carl Gustav Jung - The Red Book

 

 

Pour traverser les pires moments de la vie, que conseillait saint Silouane, l’un des plus grands spirituels de la tradition orthodoxe ? En tous cas pas de prier – comment prier quand on n’est plus en relation, quand dans son intériorité on n’a plus personne à qui s’adresser ?

 

Et là aussi, sa parole vaut pour tout être humain, quelle que soit sa croyance ou son incroyance – « Tiens ton souffle en enfer et ne désespère pas ! » : tu as le sentiment que plus rien ne tient ni ne te tiens, mais il reste ce souffle qui te traverse et te garde néanmoins en vie : concentre-toi sur ce souffle, inspire cet air qui te vient d’ailleurs et, en expirant, chasse ce qui t’encombre et t’étouffe ! Tu ne nies pas l’enfer où tu te trouves ; tu ne cultives pas la pensée désespérante que rien d’autre n’existe : tu mets toute ton attention sur ce souffle ténu mais têtu qui te parle encore de la vie.

 

Et c’est à travers ton corps que le souffle d’une Présence va te parvenir peu à peu à mesure que la paix t’envahira.

 

Lytta Bassest, Ce lien qui ne meurt jamais

 

 

 

 

Repost0
11 septembre 2015 5 11 /09 /septembre /2015 10:28
La colère nous met debout - Lytta Basset

 

La colère, en nous faisant prendre parti pour nous-mêmes vivants, transforme le Maléfique en un fantôme évanescent et nous remet debout face au Vivant.

 

Comment laisser le champ libre à la force recréatrice du Créateur ?

 

Il me semble qu’elle se déploie de préférence en période de table rase, quand plus rien ne tient, ne nous tient.

 

La colère a pulvérisé jusqu’à nos interlocuteurs fantasmatiques, il ne reste qu’une terre « informe et vide », selon le sens exact de l’hébreu tohu et bohu.

 

Il n’y a plus rien à faire… sinon laisser carte blanche au Vivant.

 

 

Lytta Basset, Ce lien qui ne meurt jamais

 

 

 

 

Repost0
9 septembre 2015 3 09 /09 /septembre /2015 20:24
Rien n’est dû - Lytta Basset

 

 

Rien n’est dû, en ce qui concerne l’amour et l’amitié.

 

Il m’avait fallu pas mal de temps pour en admettre l’évidence et l’accepter.

 

Cela m’avait mise à l’abri d’attentes hypertrophiées : les autres font ce qu’ils peuvent.

 

Si j’exigeais, même intérieurement, je m’exposais à la frustration : ce n’était jamais assez. Pire, si j’exigeais et obtenais, je devenais incapable de recevoir : ce qui venait était un dû, morne et sans surprise.

 

En revanche, si je n’attendais rien, ce qui m’était donné se révélait d’une saveur étonnante, comme en excès, en surcroit par rapport au cours normal de la vie : « Et toutes ces choses vous seront données en plus » avait annoncé Jésus (1).

 

 

Lytta Basset, Ce lien qui ne meurt jamais

 

(1) Evangile de Matthieu

 

 

 

 

Repost0
8 septembre 2015 2 08 /09 /septembre /2015 21:37

 

 

Quand deux légendes se rencontrent et mélangent leurs voix...

Deux styles, deux voix complètement différentes et un tube qui vibre toujours autant...

 

 

 

Repost0
8 septembre 2015 2 08 /09 /septembre /2015 19:20
La puissance de guérison - Lytta Basset

 

 

Il vient un moment où le chapitre est clos. On s’est plongé dans son passé personnel ; on a élucidé les événements, revécu les affects, le retentissement émotionnel ; on a intégré tout cela à sa mémoire vivante. Mais une nouvelle douleur, un traumatisme du présent, semble vouloir rouvrir la plaie.

 

Certains en déduisent avec plus ou moins d’amertume qu’ « on n’en a jamais fini ». Je ne le pense pas. Comme beaucoup, je ne crois plus en une toute-puissance divine bien installée en amont du malheur, ayant les moyens de l’empêcher, mais ne le faisant pas pour d’obscures raisons. Mon expérience de Dieu commence avec la souffrance. Je ne connais aucun Dieu d’avant la souffrance. Aussi loin que remontent les souvenirs de mes premières perceptions du divin, Quelqu’un s’ingéniait à me tenir la tête hors de l’eau : c’est qu’il y avait risque de noyade, dès le début. Puis, au cours des années d’investigation dans le passé enfoui, il est devenu clair que Quelqu’un me voulait en vie.

 

Et plus les blessures se fermaient, les conditionnements tombaient, les dysfonctionnements cessaient, plus il m’apparaissait que ce Quelqu’un me désirait libre – de cette pleine liberté du dedans que l’évangéliste Jean appelle la « liberté des enfants de Dieu ».

 

Pour moi, la toute-puissance divine est ailleurs. C’est exclusivement une puissance de guérison, de restauration, de re-création de notre être intérieur. Et ce qui me frappe dans l’expérience des humains qui y consentent, c’est qu’elle va jusqu’au bout de ce qu’elle a initié. Nous seuls lui mettons des barrières.

 

En cours de route, j’ai eu droit, comme tant d’autres, aux bons conseils du type : « Arrête de creuser ! », « Tu vas quand même beaucoup mieux », « Maintenant tu es équipée pour vivre, tu fonctionnes bien ».

 

Pourtant, moi seule pouvais entendre l’appel à cette liberté d’origine divine qui m’était destinée et qui m’attendait. J’ai commencé à percevoir la phrase « De toute façon, on n’en a jamais fini » comme un possible alibi pour ceux qui précisément ont fini d’avancer.

 

Le Vivant, lui, n’en a jamais fini de s’offrir à qui veut grandir en liberté intérieure.

 

 

Lytta Basset, Ce lien qui ne meurt jamais

 

 

 

 

 

Repost0

Présentation

  • : Le blog de lejour-et-lanuit.over-blog.com
  • Le blog de lejour-et-lanuit.over-blog.com
  • : Un lieu où pourraient se cotoyer le jour et la nuit, les univers différents de la pensée logique, rationnelle, structurée à partir des informations émanant de toute part, et de la pensée vagabonde, celle qui erre la nuit, mais aussi le jour, dans l'envers des choses, à la recherche de l'impalpable, de la beauté et de la magie. Michèle Théron
  • Contact

  • lejour-et-lanuit.over-blog.com
  • Passionnée par l'âme humaine, je cherche sans cesse du sens et le sens de notre chemin d'humain. 
Mon propre chemin n'est qu'un zig-zag en dehors des autoroutes et je n'ai pas encore épuisé tous les chemins de traverse...
  • Passionnée par l'âme humaine, je cherche sans cesse du sens et le sens de notre chemin d'humain. Mon propre chemin n'est qu'un zig-zag en dehors des autoroutes et je n'ai pas encore épuisé tous les chemins de traverse...

Auteur - Photographe

Michèle Théron, praticienne de santé naturopathe, femme en chemin, je vous partage sur ce blog des articles, de la poésie, des photos créés par moi, et les citations, articles, vidéos qui nourrissent mon chemin et m'inspirent.

Recherche