Je pense qu’en tant qu’humains, et en tant que personnes responsables, nous devons rendre compte de nos actes — et nous devons le faire au niveau spirituel. Je ne vois pas comment nous pouvons honorer la spiritualité si nous la tenons éloignée de la terre. Nous ne sommes pas des anges.
Il existe un espace, un monde de lumière où vivent les anges, et où l’on peut se rendre et interagir avec eux. C’est une très belle dimension : les anges sont des êtres de lumière qui ne se prosternent que devant Dieu. Dans Le soufisme, on l’appelle l’ordre divin — et, même là, il y a des anges de pouvoir, des anges de beauté… D’une certaine façon, il est beaucoup plus facile d’être parmi des anges, dans leur monde, parce qu’ils ne font que se prosterner devant Dieu, parce qu’ils sont juste faits de lumière.
Mais nous sommes humains, et il y a deux mondes en nous : le monde de la matière, des éléments, et celui des anges. Et nous ne pouvons pas en rejeter un, nous ne pouvons pas rejeter la terre en faveur de la lumière, tout comme nous ne pouvons pas renier la lumière en faveur de la terre.
Pour moi, la maturité spirituelle c’est être capable de vivre dans les deux mondes.
Vous savez, à 23 ans, j’ai été emporté dans ce monde de lumière, et bien sûr une part de moi voulait y rester parce que tout était lumière ! Vous n’avez aucun problème ; vous n’avez pas besoin de gagner votre vie, pas de taxes à payer, ni d’essence à mettre dans la voiture, vous pensez et soudain, vous êtes là où vous voulez. C’est merveilleux, vous êtes parmi les anges, près de l’âme d’autres personnes…
Mais le mystère de l’incarnation demeure — c’est une chose que le mythe chrétien, l’histoire chrétienne, le christianisme nous a enseigné : le mystère de l’incarnation. Quand le divin s’incarne, quelque chose d’extraordinaire se produit. Et cela se produit parce le divin s’est incarné. C’est pour cela que je parlais des femmes tout à l’heure ; Je trouve vraiment dommage qu’aujourd’hui (je parle de la conscience féminine) les femmes aient oublié le grand mystère auquel elles peuvent participer : apporter la lumière de l’âme dans le monde physique.
Pour je ne sais pour quelles raisons, cela a été caché aux femmes… Elles ne le savent même pas… Je veux dire, elles ignorent jusqu’à l’ampleur même du mystère auquel elles participent. En tant qu’humains, nous nous situons là où les deux mondes se rejoignent, là où la matière, la physique, et le monde de la lumière se rencontrent. Et il est intéressant de noter que, dans le christianisme, c’est aussi là que réside le mystère de l’amour. Les enseignements du Christ portaient sur le mystère de l’amour — et quelque part cela a été voilé et oublié. Mais c’est dans cette union du monde de la lumière et du monde de la matière que se situe l’incarnation de l’amour.
Le poète William Blake dit :
Et nous sommes sur terre l’espace d’un bref instant,
Pour apprendre à supporter les rayons de l’amour.
Tout est dans la façon dont nous appréhendons et vivons ce mystère. Encore une fois, il est facile, lorsque l’on atteint un certain stade, de se dissoudre dans l’amour. Mais parce que nous sommes humains, nous connaissons aussi la limitation de la matière, les limites de la vie humaine ordinaire. J’espère qu’il y aura assez d’hommes et de femmes, suffisamment matures sur le plan spirituel, pour rapprocher les deux mondes, pour les tenir ensemble ; parce qu’en rapprochant ces mondes, il peut naître quelque chose de nouveau. Pas en allant uniquement vers la lumière, ni en restant dans le monde de la matière. Pour vivre dans le monde de la matière, nous avons la science, nous avons la technologie, nous avons les affiches sur les murs, peu importe ce qui est affiché ; et pour demeurer dans le monde de la lumière, il existe de magnifiques enseignements spirituels — de magnifiques enseignements, qui existent depuis des siècles et qui, pourtant, ne sont toujours pas véritablement appliqués.
Il est temps d’unifier ces deux mondes, d’apporter la lumière de notre âme dans la vie quotidienne, dans la relation avec la Terre ; c’est quelque chose qui doit être fait maintenant. Il y a urgence. Et quelle est donc la nature du travail qui doit être fait ? Les Soufis sont souvent décrits comme les Fils de l’instant, parce qu’ils répondent à ce que réclame l’instant — pas un présent abstrait, mais le moment présent, un présent empreint de responsabilité. Et c’est là, dans notre conscience. Nous n’avons même plus besoin de lire entre les lignes. Le Soufi traditionnel lit la vie entre les lignes pour voir ce qui se passe réellement. Vous n’avez pas besoin de lire entre les lignes pour savoir que le niveau de la mer monte, que l’air est de plus en plus pollué, que les espèces disparaissent. C’est ce qui se passe à présent. Nous sommes ici et nous avons la lumière du divin en nous. Comment allons-nous utiliser cette lumière face aux besoins du moment, face à la relation à la Terre ?
Comme vous vous en doutez, c’est à partir du mélange de ces divers éléments que quelque chose de nouveau pourra naître — si c’est la volonté de Dieu. Dans une certaine mesure, c’est beaucoup plus simple, il y a un tel besoin ! Nous devons inclure la Terre dans nos prières. Elle n’est pas lointaine. Je trouve intéressant… Je suis sûr que si vous appartenez à une communauté spirituelle vous priez, vous priez pour ceux qui souffrent, vous priez pour ceux qui sont aux portes de la mort… nous prions souvent pour les gens qui meurent, pour la paix de l’âme. Ces prières ont des propriétés curatives et sont puissantes, et si c’est une communauté qui prie, c’est alors très puissant. Et c’est juste une étape, nous devrions maintenant prier pour la Terre aujourd’hui, parce qu’elle a besoin de nos prières ; pourquoi devrions-nous l’exclure ? Nous prions pour un ami mourant, pourquoi ne pas prier pour une mère mourante ? Ainsi, la boucle sera bouclée.
le texte original et la vidéo en anglais se trouvent sur le site "Carnets de rêves" :
http://carnetsdereves.wordpress.com/2014/08/24/llewellyn-vaughan-lee-lincarnation-de-lamour/#comment-118