Je crois que mes vœux pour 2017 seront beaucoup moins poétiques que les années précédentes ( 2013*, 2014*, 2015*, ). Descente dans la matière oblige…, comme si ce n’était pas l’heure de sublimer les messages par un langage allégorique ou poétique qui risquerait d’être éthéré…
2016 a mis beaucoup d’entre nous le nez dans notre glu, nos ombres, nos émotions non digérées et a fait se lever des voiles pour entrapercevoir quelques vérités pas toujours bonnes à voir, mais aussi des vérités qui petit à petit vont nous ramener sur notre chemin, le chemin de notre âme.
Dans ma vie personnelle comme dans beaucoup d’histoires que j’ai écoutées et observées dans mon entourage, je vois que de grosses valises cabossées, éventrées, d’où débordaient de vieux oripeaux, ont été déposées. Pour certains un gros tri de leur contenu a été fait. Il peut rester encore pas mal de choses en suspens, mais le délestage a commencé.
Dans les relations de couple ou amicales, même épuration, avec beaucoup de ruptures et la fin de relations toxiques.
Nous laissons derrière nous les personnes parasites, la maltraitance, qu’elle soit verbale, psychique, relationnelle, le non-respect, la trahison, la malhonnêteté, -jusqu’à la spoliation-, les fausses histoires, les cœurs vides, les faux-semblants, les demi-teintes, la tiédeur, le devoir, les obligations, les attachements excessifs, le non-discernement, le manque d’éthique, le désamour.
Pour cela nous rendons aux autres ce qui leur appartient afin de ne plus être leur bouc-émissaire, de ne plus recevoir les projections, les jugements, la colère ou la hargne qui ne nous sont pas destinés. A chacun de rendre (symboliquement !) la souffrance reçue, sans faire payer le prix à autrui, et en dernier ressors accueillir cette souffrance en soi-même pour s’approcher encore plus près de sa blessure originelle.
Cela signifie d’avoir fait un travail de cohérence interne, pour reconnaître la place de chacun dans ses relations et ne pas se tromper de personne ni de rôle.
Cela signifie que cela doit être intégré, pas seulement compris.
Cela signifie que l’enseignement de nos expériences est descendu dans notre structure, dans notre matière, dans notre façon d’être à l’écoute de soi et que nous avons suffisamment regardé nos schémas de fonctionnement, nos ombres pour ne pas les projeter à l’extérieur et en faire payer le prix aux autres.
Cette fin de cycle nous amène à tourner la page, sans plus se poser de question, sans plus traîner, sans plus tergiverser. Soit les gens nous font du bien, nous respectent, savent nous écouter, avoir de la tolérance, et sont capables de nous rejoindre dans ce que nous partageons avec eux, soit ces conditions ne sont pas réunies et alors nous risquons de subir la double peine : celle de recevoir cette violence injustifiée et de nous faire violence nous-mêmes si nous ne disons rien ou si nous ne changeons rien à la situation. Ce coût psychique est élevé, il plombe notre être et nous empêche d’avancer.
C’est en partie pourquoi, par choix ou par obligation, tant de relations sont parties de notre entourage. Elles seront remplacées, au fur et à mesure, par des relations qui nous conviennent.
Avant cela, la solitude peut être au rendez-vous. Ne la fuyons pas. C’est un temps nécessaire. Un temps de reconstruction, de retour sur soi, pour faire des bilans, pour honorer ce que vous avons perdu, pour honorer la force que vous avons eu de traverser les expériences, les épreuves, d'avoir frôlé la mort, pour honorer les personnes laissées derrière nous, elles nous ont montré, à leur façon, une partie du chemin.
La vie, ce sont des milliers de routes. Il est parfois difficile de savoir laquelle prendre. A chaque fois que quelqu’un ou quelque chose nous fait changer de direction, nous fait abandonner une voie, notre chemin se simplifie, l’horizon s’éclaircit. Quand nous en prenons conscience, nous pouvons remercier, pas forcément les mauvaises expériences en tant que telles, mais l’intelligence de la vie qui nous aide à aller vers l’essentiel.
Honorer ses pertes, c’est se mettre en résonance avec la saison de l’hiver, où les forces de vies semblent englouties, où la mort semble prendre le dessus. En nous aussi, nous pouvons sentir la mort, la mort de toutes ces parties qui appartiennent au passé, ces parts qui ne servent plus à rien, qui nous encombrent, tout ce que nous sommes obligés de laisser derrière nous et qui ne reviendra jamais comme l’enfance, la jeunesse, des étapes de vie, une personne disparue, tout ce que le temps emporte avec lui.
Cela demande du temps et de l’espace pour pleurer toutes ces pertes. Si on ne le fait pas, nous portons alors en nous de multiples deuils jamais aboutis, jamais soldés, jamais terminés, qui se reportent d’année en année, de relation en relation et qui contaminent notre vie.
En laissant derrière soi l’inutile nous allons donner plus de forces à nos valeurs profondes, peut-être même que de nouvelles valeurs mises en sommeil vont émerger.
Si nous disons adieu au mensonge, au parasitage, à l’irrespect, à la trahison, la maltraitance, au malheur, etc. alors nous allons pouvoir valider et accueillir l’authenticité, le partage, le respect, la fidélité à soi-même, la bienveillance, la délicatesse, la lumière, la chaleur, la vérité intérieure, la compréhension et l’accueil mutuel, tout ce qui nous nourrit réellement et nous permet d’être en accord profond avec notre vraie nature.
C'est le temps aussi pour glaner tous les cadeaux reçus, quelle que soit leur forme : nous avons été épaulé, soutenu, nous avons reçu un sourire, du temps, de la compréhension, des petits cadeaux imprévus, une invitation, des messages, des pensées, des fleurs, de la présence, tous ces souvenirs constituent notre cagnotte d'abondance qui garde notre coeur ouvert, rempli de gratitude.
Dans ce passage qui ressemble au vide, où rien ne semble en action, faisons confiance au processus. La nature reprend toujours son cours après l’hiver et les tempêtes, et chaque printemps voit refleurir la vie et ses possibles. Il nous appartient de ne pas perdre espoir jusqu’au moment du grand retournement, cet instant où tout rebascule de la mort vers le vivant. Dans les passages de pertes, de déconstruction, nous n’avons pas beaucoup de pouvoir, sinon celui d’accepter et de lâcher prise.
Notre seule force est de continuer, même dans cette mise à nu de notre vulnérabilité, à croire avec une totale confiance en demain et ses forces de transformation.
Je vous souhaite de pouvoir descendre vos racines profondément dans la terre, pour fleurir bientôt au plus haut vers le ciel.
Que 2017 vous soit douce et vous transmette la force du 1, celle des commencements et du renouveau.
MT
Ne demande pas : "Qu'est-ce qui va se passer ensuite ?" Laisse cela être une surprise. Un arbre ne se demande pas ni ne prévoit où il devrait faire pousser la prochaine feuille ou faire apparaître le prochain fruit. Non, sa vie tout entière n'est qu'un déploiement. Sois l'arbre de vie qui se déploie tout simplement.
~ Mooji