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Un lieu où pourraient se cotoyer le jour et la nuit, les univers différents de la pensée logique, rationnelle, structurée à partir des informations émanant de toute part, et de la pensée vagabonde, inattendue, celle qui erre la nuit, mais aussi le jour, dans l'envers des choses, à la recherche de l'impalpable, de l'insaisissable, de la beauté et de la magie. Michèle Théron

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Je l'ai changé en homme.... - H. Gougaud

 

Voici une belle histoire de pardon et de transformation.

Comment transmuter le plomb en or, c'est-à-dire ce travail alchimique que chaque être se doit de faire pour retrouver l'unité.  

 

 

Luis : Le temps m’a aidé à faire la paix avec lui *. Le sait-il ?

Je crois qu’il était venu au monde avec un fardeau qu’il pouvait à peine porter.

Il n’a pas su s’en défaire. Comme il a dû mourir fatigué ! Il n’a pas pu m’aimer.

Il n’a pas eu la force.

Dites-moi donc si vous pourriez, vous, marcher courbé en deux sous un chargement d’âne et ramasser en plus, sur le bord du chemin, un morveux malvenu, et le prendre dans vos bras, et le nourrir de bontés légères. Il n’a pas pu !

Bien sur, il s’en est fallu d’un rien qu’il ne m’écrase. Mais, bon sang de Dieu, je ne suis pas mort ! Et j’ai appris pour deux, pour moi, pour lui aussi. Je suis content de cela.

J’ai fait de lui non pas le père qu’il ne pouvait pas être, mais un homme. Car de longtemps il fut à mes yeux toutes sortes de monstres, mais certes pas un être humain.

A vrai dire, il fut surtout un bouc. Pas n’importe lequel : l’émissaire, celui que l’on charge de tous les maux et que l’on chasse à coups de pierres hors du village en lui braillant que tout est de sa faute, tout, nos misères, nos lâchetés, notre peur de mourir, le froid qu’il fait, la pluie, et nos boutons de fièvre, et nos crises de foie ! Elle s’en va, la pauvre bête, sous les cailloux, sous les insultes.

Mais nos maux s’en reviennent, plus fringants que jamais. Et il nous faut chercher encore un autre bouc.

Je connais des gens qui passent ainsi leur vie à consommer des boucs, des troupeaux de boucs, des hordes, des peuplades de boucs.

Mon père fut longtemps un bouc.

Je l’ai changé en homme.

J’y ai mis le temps, mais j’y suis arrivé.

Dites, n’est-ce pas de la belle sorcellerie ?

 

 

Henri Gougaud, Les sept plumes de l’aigle

 

 

* son père

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