A chaque fois que nous faisons l’amour, cette promesse d’engendrement n’est puissante et forte que parce qu’elle nous ramène à notre propre engendrement, à ce moment prodigieux où, à l’insu de nos géniteurs, nous étions déjà là, cachés dans les replis les plus secrets de leur étreinte, venus toucher un corps comme on touche un paquetage à l’armée (toucher une incarnation, recevoir un corps) dans un geste où le mot jouissance n’a plus le sens de frisson mais prend le sens concret de jouir d’une maison, comme on jouit d’une terre, d’une propriété, etc.
Ce qui est fabuleux dans le geste de la conception, c’est qu’il est jouissance non pas de ceux qui croient jouir, mais de celui qui s’introduit dans leur jouissance, celui qui quitte l’Être pour rentrer dans l’Exister. Nous ne sommes plus alors qu’une petite étincelle positive en exil détachée du grand foyer cosmique et qui va devenir notre moi des profondeurs. Sexualité et spiritualité s’entraident, s’entraînent l’une l’autre. Nous pouvons jouer avec à condition de considérer la sexualité comme une forme de prière, et la prière comme une forme de sexualité.
Jacques Donnars
Photo Anne Geddes
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