Un soir que la nuit était double
Les yeux clos grands ouverts sur l’invisible
La réalité se fendit en deux.
D’un côté mon corps endormi et lourd
Etait pris dans les mondes du sommeil
De l’autre mon être étendu là, immobile
Fut réveillé par des ombres tournoyantes
Dansant dans le noir.
Mes paupières étaient scellées
Mes yeux clos voyaient loin derrière les murs
J’étais ici et partout
Les sens en alerte.
Qui est là ?
Je veux voir.
Je veux savoir…
Mais je suis suspendue hors du monde
Du mauvais côté du miroir.
Présence invisible, improbable
Et pourtant, penchée au-dessus de mon corps,
Il n’y a qu’elle qui bouge et agit
De son intention dense comme une main
Qui touche mes genoux.
Ma pensée suit la pression et le mouvement
Qui tracent sans hésiter
Une voie jusqu’à mon front.
Là, dans le silence nocturne,
Au creux de chaque oreille
L’air se fait lourd et vibrant
Il claque, sonore et lent,
Avec la régularité d’un battement d’ailes.
Le son m’enveloppe de ses plumes
Et les ténèbres résonnent de leur bénédiction
Jusque dans le silence revenu.
Dans la nuit double
Des ailes s’étaient ouvertes
Celles de l’Ange visiteur
Ou les miennes si longtemps endormies ?
MT ©