La Terre comme une décharge…
J’aurais pu dire « comme une poubelle »… mais dans une poubelle, aujourd’hui, on fait du tri. Dans une décharge, on y laisse tout traîner, sans état d’âme.
Je reçois aujourd’hui un lien pour un documentaire de Josh Fox sur l’exploitation du gaz de Schiste aux Etats-Unis : « Gasland ». J’ai pris le temps de tout écouter, ou plutôt de tout lire les sous-titres en français et d’en faire un article pour retracer les grandes lignes.
En soi, rien de nouveau. Toujours la même bataille entre les citoyens et les industries mammouth qui viennent tout écraser sur leur passage.
Mais à force… une indignation et une consternation montent.
Que ce soit « Super size me », « We feed the world, le marché de la faim », « Nos enfants nous accuserons », « Notre pain quotidien », « Severn », « Solutions locales pour un désordre mondial », la liste est longue des dénonciations d’un système qui s’égare et muselle l’être humain et son environnement dans un nouvel esclavage.
Le film de Josh Fox montre à quel niveau de désolation nous abaissons la planète chaque jour davantage et comment la cupidité et l’absence totale d’humanisme sont une violence insoutenable. Partout se joue le même scénario sur notre planète, pillée et salie avec une intensité toujours croissante et à une vitesse étourdissante.
Les auteurs de ce désastre mondial le savent bien, le temps qui passe est leur pire ennemi, il faut faire vite pour gagner la bataille du pouvoir et de l’argent, il faut de grands discours, il faut faire de grands rassemblements, des G8, des G20, des Grenelles de l’environnement, pour mettre en scène, en trompe-l’œil, les enjeux environnementaux de notre siècle. Mais derrière la mascarade, il n’y a qu’un ajustement des enjeux financiers, qu’une organisation savamment planifiée de la répression, que le peaufinage des modalités pour étendre plus loin encore les bras d’une pieuvre qui ne cesse de recouvrir le monde de son encre. Petits crimes entre amis.
« Je ne suis pas un pessimiste, j’ai toujours cru que l’humanité ne se laisserait guider ni par la colère, ni par la cupidité, qu’elle trouverait une solution sans détruire les choses qu’elle aime ».
C’est la première phrase du documentaire de Josh Fox. Elle contient à elle seule l’enjeu qui nous attend.
En effet, il ne sert à rien d’être pessimiste. C’est faire le jeu de l’adversaire et cela nous prive de chercher, de trouver les solutions, qu’elles soient extérieures ou intérieures à nous-mêmes. De plus, être pessimiste est une façon de rester collé dans ce monde englué dans ses incohérences, d’en faire une réalité inchangeable, de figer les choses, alors qu’il faut au contraire créer une nouvelle réalité, une vision totalement nouvelle et noble, façonnée à partir d’une éthique personnelle retrouvée. Pour que ce désastre cesse, il ne faut pas penser « nouvelle économie », il faut surtout s’attarder sur les valeurs qui fondent notre vision.
Josh Fox parle de cupidité et d’amour. C’est un bon départ pour réfléchir…
La cupidité n’est que l’autre face de l’avidité. Tant que nous serons avides de bien matériels, de services, d’avantages de toutes natures, sans chercher à savoir comment ce que nous avons et ce que nous achetons est produit, la cupidité des groupes industriels aura une longue vie devant elle. La cupidité trouve aussi ses racines dans l’aveuglement et la lâcheté. Chaque fois que nous nous laissons acheter, nous perdons notre pouvoir, et surtout, nous devenons aveugles, incapables de voir les véritables enjeux, au-delà de notre intérêt personnel et immédiat. Les victimes du gaz de Schiste, dans le documentaire, en sont un exemple frappant. Pour avoir cédé au chant des sirènes (laisser les industries mettre des puits sur leur terre en échange d’argent), ils ont fait un pacte qui leur ôte toute liberté. L’hameçon était trop beau… Mais il faut savoir à quoi l’on mord… Se laisser priver de son droit de citoyen, de son intégrité physique et morale, est lourd de conséquences.
A quels attachements devons-nous renoncer ? Qu’est-ce qui nous fait mordre à cet hameçon ? Croire aux bienfaits illimités de l’ère industrielle ? Croire aux publicités mensongères qui vantent une énergie « propre » sans se demander un seul instant quels sont les moyens de production ? Que ce soit le pétrole, le gaz ou l’électricité, il n’a jamais suffi d’une paille pour extraire les énergies terrestres. La démission et les attentes trop importantes dans les pouvoirs publics, qui d’ailleurs sont de moins en moins publics et de plus en plus privés, font perdre tout pouvoir personnel. C’est ainsi que l’on abandonne sa propre vision du monde.
Voir cette longue agonie de la Terre, c’est accepter de voir les échecs de notre pensée moderne, de notre ego surdimensionné qui fait des choix uniquement en faveur des bénéfices financiers, au détriment de toutes les espèces, qu’elles soient minérales, végétales, animales ou humaines. Car il faut être aveugle pour ne pas voir que cette « modernité », cette « mondialisation », ne sont au service que du pouvoir et de l’argent et non pas du vivant, pourtant le bien le plus précieux sur cette planète.
Ce qui se passe sur Terre aujourd’hui n’a pas d’autre nom que « massacre ». Il faut juste se demander ce qui nous empêche de le nommer ainsi, ce qui nous empêche de déciller notre regard et de voir que terre, mer, ciel, sont pollués au-delà de l’imaginable, et que malgré cela, on continue la déforestation à outrance, les épandages chimiques, les chemtrails, les médicaments qui tuent sous couvert d’ordonnances et d’AMM sécurisantes, les OGM stériles et bourrés de toxines, les manipulations génétiques, et tant d’autres choses funestes.
Pourquoi ?
Josh Fox pensait : « que l’humanité trouverait des solutions sans détruire les choses qu’elle aime ». Là est la faille du système.
Toutes ces destructions, ces amputations, ces empoisonnements de la planète, ne montrent qu’une chose : on ne détruit pas ce qu’on aime. L’amour manque donc terriblement à toutes nos actions, à tous nos choix, à notre regard. Si nous pouvions regarder tout cela avec amour, vraiment, nous serions atteints en plein cœur, douloureusement. Comme en regardant mourir « Green ». En croisant le regard de cette orang-outan victime de la déforestation et de notre civilisation consumériste, nous pouvons apprendre quelque chose... Faut-il prendre le temps de regarder. Et s'ouvrir.
Prenez une minute.
Laissez tout ce que vous êtes en train de faire et faites cette simple visualisation.
Voyez ce que la Terre offre de plus beau, de tellement magnifique, ce miracle renouvelé depuis des siècles : l’herbe, les fleurs, les arbres, les animaux, l’eau qui dort protégée sous la terre, l’eau qui court au dessus de la terre, en cours d’eau, en rivières, en fleuves, en ruisseaux dont la limpidité enchante tant le regard, les montagnes, les forêts, la mer, la nourriture offerte pour rassasier et soigner les hommes, l’air dont la pureté originelle est (était) un vrai miracle de vie, nous permettant à chaque seconde de respirer, voyez tout cela.
Prenez le temps de voir, de sentir toute la distance qui nous sépare de cet « Eden ».
Voyez dans quoi nous vivons actuellement. Sentez cet écartèlement.
Et demandez-vous :
Que manque-t-il dans ma vie ?
Qu’est-ce que je dois créer à l’intérieur ?
Qu’est-ce que je peux faire pour ma terre intérieure, afin que la Terre respire plus amplement….
Prenez le temps…
C’est urgent.
M.T.
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