Petites avarices de la vie quotidienne
(authentiques, de témoignages entre amies…)
* Premier resto quelques semaines après le début de la relation. C’est une crêperie, ce n’est pas la Tour d’Argent, faut pas rêver et il n’y a pas mort d’homme au niveau du budget…
Elle : une crêpe œuf gruyère à 5 euros
Lui : deux crêpes, une complète et une en dessert et du cidre.
Au moment de payer, lui : désolée ma chérie, je ne peux pas te la payer.
* Promenade en bord de mer. Température hivernal et cabanon à frites. 2 euros la portion. Chacun paye sa part.
* Dîner à la maison. Les courses ont été faites par Madame. Monsieur achète un pot de tarama à 2-3 euros qui ne sera pas terminé pendant le dîner. Mais embarqué par Monsieur le lendemain matin pour le ramener chez lui.
* Au resto, Madame est patraque et demande si elle pourra juste prendre une cuillère à soupe du plat de pâtes commandé par Monsieur. Monsieur est d’accord. Entre temps, Madame discute avec sa voisine, qui attend sa commande. Quand Madame se retourne vers l’assiette de Monsieur pour goûter à la seule portion qui devait lui servir de repas, l’assiette est vide, il ne reste pas le quart d’une demie-pâte dans l’assiette.
Elle : bin tu ne m’as pas laissé ma part ?
Lui : bin tu parlais…
* Au resto, Madame et Monsieur prennent une entrée, à se partager à deux.
L’assiette arrive et est placée -d'office- devant Monsieur (dommage!). Tiens, vas-y dit Monsieur sans déplacer l’assiette d’un millimètre et en attaquant sans attendre la dégustation de « son » entrée.
* Lors d’un week-end champêtre avec l’organisation d’un jeu où il faut répondre à des tas de questions de culture générale, Madame et Monsieur font feuille commune, même s’ils font habitation séparée, et planchent sur le questionnaire. Madame donne les bonnes réponses pour au moins les ¾ des questions ce qui permettra un super score et de recevoir en lot une tablette électronique. Monsieur se l’accapare en disant : super, j’en rêvais depuis longtemps. A cet instant Madame n’est même plus dans le champ relationnel et il va de soi, de facto, que la tablette appartient à Monsieur.
* Monsieur est parti en voyage dans un pays lointain dont il a ramené du thé en cadeau à Madame. Madame a déjà beaucoup de thés chez elle dont les boites sont entamées, et elle n’ouvre pas tout de suite celui-ci pour le déguster. Monsieur a l’habitude de prendre du thé quand il vient à la maison avant de partir travailler, et ce n’est pas le choix qui lui manque avec toutes les variétés qui s’empilent sur les étagères.
Quelques semaines plus tard, Madame ouvre la belle boite en bois censée contenir le thé lointain… mais plus une feuille de thé à l’intérieur. Monsieur a sifflé tout son contenu quand il prenait ses petits déjeuners en solitaire à l’aube. Monsieur s’est fait un joli cadeau… !
* Madame et Monsieur sont au restaurant. Monsieur a pris un plat avec des frites. Madame adooorrre prendre une frite par ci par là dans l’assiette de Monsieur. Mais Monsieur fait une telle tronche et son corps est tellement crispé, que la frite reste un peu coincée dans le gosier de Madame.
* Monsieur vient chez Madame au minimum trois fois par semaine et Madame seulement une à deux fois par mois chez Monsieur où elle partage parfois à la caisse le montant des courses. Chez elle, Madame a l’habitude de faire les courses pour assurer les repas, mais au bout de deux ans, elle dit quand même : on ne pourrait pas partager les frais de nourriture ? (sans parler du lave-vaisselle qui tourne plus souvent, sans parler des douches plus nombreuses, sans parler de la recharge systématique du téléphone portable et de l’ordinateur sur les prises)
Regard effaré de Monsieur qui ne comprend pas et qui répond, sérieux : dans ce cas il faudrait que je te fasse payer l’entretien et l’usure de la voiture…. (il va sans dire que Madame partage déjà les frais d'essence)
* Monsieur et Madame sont au restaurant. Madame n’a pas très faim et décide de ne prendre qu’une petite entrée, tout ce qu’il y a de moins cher, une ridicule petite terrine perdue au milieu de l’assiette. Quand Monsieur entend ça, dans un grand élan de générosité, il dit à Madame : je t’offre le resto !
Vous remarquerez à quel point tout commence parfois à des niveaux assez basiques : la nourriture, comme le conditionnement d’un vieux réflexe de survie. Pas une survie où l’on partagerait entre nous le peu que la nature nous offre, mais une survie où l’autre devient un concurrent qui vous empêche d’avoir plus, ou d’avoir tout.
Mais lorsqu'on commence à être radin au resto, comme le dit Audiard, on est radin en sentiment et radin au lit. La générosité ne se découpe pas en tranches, c'est un élan du coeur qui s'épanche dans tous les domaines.
Bon, il n’y a pas que les Messieurs qui sont radins, vous avez bien, vous aussi, vos anecdotes succulentes que vous pourrez partager dans les commentaires !
MT