J’ai rencontré Aziliz lors de mon stage en Bretagne. J’ai eu la chance d’avoir partagé un merveilleux moment de partage avec un groupe sur ces terres bretonnes du Finistère.
Au moment de partir, Aziliz m’accompagnait au train de Morlaix, avec Delphine, sa mère. Elle me dit : « tu vois, je sais ce que c’est que de nomadiser. Etre nomade. »
Je ne lui ai pas demandé comment elle connaissait cela. En fait, je n’en ai pas eu le temps. Car elle continua : « j’ai un cadeau pour toi ».
Elle tendit la main fermée, doigts recroquevillés sur un cadeau que je ne pouvais pas distinguer. Je tendis ma main sous la sienne et elle y lacha une pierre. Une pierre qui est devenue précieuse.
Une pierre n’est pas précieuse. Elle le devient. Cette pierre me suit. Je ne connais pas son nom. Elle est brune, couleur de terre. C’est pour moi une pierre bretonne, magique. Quand je la pose dans un endroit où je dors, elle fait de cet endroit un espace connu. Familier. Et progressivement, cette pierre m’apprend que je suis chez moi partout. Que le seul lieu que je puisse habiter, c’est ce corps. C’est ce cœur. C’est cet espace d’où émergent les pensées.
Et finalement, voyageant pour partager sur la nature, je pensais rencontrer majoritairement des personnes sédentaires. Je m’étais trompé. Je rencontre principalement des personnes nomades. Au cœur nomade.
Dans un monde en transition, en changement, je rencontre ce changement dans chaque regard, dans chaque battement de cœur. Et je sens en moi monter la gratitude et la joie. Je ne peux que constater que malgré les différences, les apparences, nous sommes tous nomades. Nomades sur cette terre. Pour un temps donné. Nomades habitant pour un temps ce corps, ce cœur et ces pensées.
Je fais le souhait que nous puissions, à notre rythme, découvrir cette pierre précieuse. Ce petit aspect magique qui nous enseigne que, finalement, nous n’avons pas à avoir peur. Que nous pouvons partager, savourer, aimer. Nous pouvons revenir à ce petit bout de terre qu’est notre corps. A ce petit tambour qu’est notre cœur. Et dans l’espace où nait la pensée, poser un regard doux et bienveillant. « N’aie pas peur, semble dire la pierre. Ecoute ton corps. Ecoute ton cœur. Le monde chante en toi. Ecoute. Il chante pour toi. Il chante à travers toi. Pour que tes actes, tes paroles et tes pensées soient le reflet de ce magnifique chant. C’est ton chant de vie. Ton chant du monde. N’aie pas peur, tu peux laisser rayonner. Ce qui rayonne, dans le champs de ton corps, de ton cœur et de tes pensées, c’est la lumière du monde.
Stéphan Boistard